Lorsqu'un journal qui n'est ni un réseau social ni un incubateur de start-up m'a demandé d'écrire un article sur la seconde édition du festival de la fiction narrative qui s'est déroulé sur Twitter du 12 au 16 mars, j'ai d'abord songé aux cent quarante caractères, aux itérations informatives, à la mutation de la néguentropie en bruit utile, aux cinq bits nécessaires pour désigner les vingt-six lettres de l'alphabet et au schéma de Shannon. Puis j'ai envisagé cette époque étrange qui est la nôtre : une époque où l'injonction du mouvement devient, pour reprendre les termes de Foucault, «l'unique voie d'accès dans un espace dont l'être vivant noue en lui-même les coordonnées mobiles». Une époque où tout ce qui ne bouge pas est mort.
Sèmes. Il aura fallu trente-huit ans à la radio pour s'installer dans cinquante millions de foyers. Un quart de siècle plus tard, la télévision parvient au même degré de diffusion en treize ans. Internet : quatre ans. Depuis la révolution industrielle, la vitesse de traitement de l'information a été multipliée par cent mille. Et même si Twitter incarne sans doute un des derniers bastions de l'image matricielle (celle de l'écriture), par opposition à l'image vectorielle (celle des volumes), cet in