Vous êtes un journal dites-vous ? Hélas pour vous, non. Vous êtes mon journal, «mon journal» de milliers de fidèles, et sans doute notre problème tient à cette singulière relation personnelle. Mais sûrement en sera-t-elle la solution.

Le média de «l'âge de la multitude» (1) reste à inventer, et le lien que Libé a noué avec ses lecteurs ne demande qu'à se transformer en lien avec des futurs utilisateurs. Il est naïf de penser que le monde digital, en l'état, préfigure ce nouveau média. L'utilisation actuelle des nouvelles technologies ne produit qu'une accélération de la baisse de la substance réelle de travail dans la valorisation du capital.

Ce que l'on appelle pudiquement la désintermédiation ne correspond qu'à «une production insuffisante de survaleur», qui fut masquée jusqu'à aujourd'hui par un relais de croissance basé sur le crédit, puis par les déficits publics (2). En opposition à cette tendance, de nouvelles formes d'expression cherchent leur voie (à moins que ce ne soit leur voix).

Les prochaines élections seront riches d'enseignement. Qu'elles consacrent la rupture profonde entre les électeurs et les corps constitués politiques est de moins en moins une hypothèse. Le score des quelques listes dites citoyennes sera lui aussi révélateur, bien que leur maillage territorial et médiatique soient anecdotiques. Ces nouveaux élec(ac)teurs auront besoin d'une plateforme éditoriale. Un média, non pas collaboratif, mais participatif, qui f