Ce serait le rêve du patron de presse moderne : ne plus payer les journalistes qu'au nombre de gens qui les lisent vraiment. Et le rêve est déjà réalité aux Etats-Unis : de plus en plus de sites internet sont en train d'expérimenter ce modèle, s'inquiétait récemment l'éditorialiste média du New York Times, David Carr.
«Feedback». Le groupe Gawker Media, spécialisé dans les ragots, mais aussi la technologie, les jeux vidéo, la science-fiction ou le sport, récompense depuis longtemps déjà ses blogueurs en fonction du trafic qu'ils attirent. Il vient de lancer un programme, «Recruits», qui fait miroiter à ses nouveaux contributeurs 5 dollars (3,6 euros) pour 1 000 visiteurs uniques. TheStreet.com, consacré à l'actualité boursière, prévoit 50 dollars pour 60 000 pages vues par semaine. Le Daily Caller, un site conservateur d'information, vient de promettre à ses salariés de nouveaux bonus liés au trafic, tandis que Forbes.com pratique la chose depuis quatre ans déjà (lire ci-contre).
«Les auteurs de livres sont bien rémunérés au nombre d'exemplaires qu'ils vendent, l'idée n'est pas si radicale qu'elle peut paraître !» rappelle Philip Meyer, professeur de journalisme et auteur d'un livre sur la «disparition» des journaux (The Vanishing Newspaper). «Les éditeurs les plus malins donnent déjà à leurs journalistes les chiffres du trafic qu'ils génèrent, c'est une forme utile de feedback,