J'ai toujours aimé Libération. De l'élégance et de l'impertinence, un style décalé souvent imité, mais jamais parfaitement égalé, beaucoup d'éclectisme. Bref, un journal qui est toujours resté libre au-delà des modes passagères et de ses engouements, qu'il a su faire partager à des générations de lecteurs.
Car jamais à mes yeux Libé n'a été pris en défaut de jouer les «supporteurs de base» de tel ou tel parti ou homme politique. Engagé mais pas militant, Libé a toujours été un titre rebelle, sans esprit de chapelle, et doit le rester. Il est ainsi faux de dire que ses journalistes ont toujours soutenu les gouvernements de gauche sans discernement, au contraire. Le sens critique fait partie de l'ADN de ce journal et à le lire on entretient cet œil toujours vigilant, pas dupe, dont on a besoin pour décrypter le flot d'une actualité de plus en plus téléguidée par les communicants de tout poil.
Dans ma vie de dévoreur de presse en tout genre, Libération est le seul média qui m'ait toujours accompagné. Je l'ai découvert étudiant, l'ai approfondi lorsque, jeune trader dans les années 80, je m'éveillais en sa compagnie à la mondialisation, et j'ai continué à le lire lorsque je suis devenu dirigeant d'entreprise, puis entrepreneur depuis vingt ans dans le monde du voyage. Je ne l'ai jamais lâché, parfois agacé, certes, mais toujours fidèle. Les mystères de l'attachement, d'une affection intellectuelle que seule la lecture régulière d'un titre peut p