La semaine dernière, les services de la diplomatie française ont publié un communiqué triomphaliste et alambiqué d'où il ressort que la France serait «le deuxième plus important producteur au monde de jeux vidéo». Moulinant chiffres et statistiques, France Diplomatie arrondit à 3 milliards d'euros les revenus générés par l'industrie française du jeu en 2012, à comparer à un chiffre d'affaires mondial, en forte progression, évalué à 60 milliards. Aucun tableau comparatif ni classement par pays ne vient étayer la deuxième position (derrière les Etats-Unis et devant le Japon, sommes-nous conduits à déduire) que nous attribuent les services magnanimes du ministère des Affaires étrangères et aussi, désormais, du Développement international. Mais peu importe : il est difficile d'obtenir des données fiables sur des pays aussi compliqués que, mettons, la Chine, où se joue l'avenir du secteur…
En revanche, la missive diplomatique offre un prisme où se diffracte une certaine psyché française actuelle, percluse à la fois de complexes et d'ambition devant la mondialisation. L'éléphant que voudrait cacher la démonstration officielle s'appelle Ubisoft, mastodonte hexagonal qui propulse à lui seul l'industrie française parmi la tête des classements. Des licences aussi célèbres que Rayman, Assassin's Creed, Far Cry ou bientôt Watch Dogs suffisent à expliquer la prospérité de la compagnie d'Yves Guillemot. Mais Ubisoft est un cas exemplaire et paradoxal des réalités