Nous voilà assis au beau milieu d'un petit open space, dans un vieil immeuble industriel rénové du quartier de Dumbo, à Brooklyn. La scène a quelque chose de comique. Le métro aérien passe toutes les cinq minutes sur le pont de Manhattan, juste là, derrière la fenêtre. Les murs tremblent, on s'entend à peine, mais ça ne dérange personne. L'équipe de la revue n+1 est imperturbable, ravie de faire découvrir son univers : celui d'une publication littéraire et politique new-yorkaise qui fête ses dix ans. Un titre quadrimestriel fabriqué avec de petits moyens, revendiquant seulement 10 000 lecteurs, mais dont la qualité et la réputation n'en finissent pas de surprendre.
«Tant de bons écrivains sortent de ce petit journal que ça commence à ressembler à une version intellectuelle de la voiture de clowns [un classique américain : une toute petite voiture dont sortent plein de clowns, ndlr]», résumait le New York Times la semaine dernière. n+1 est en effet un vivier de jeunes intellectuels américains et permet à ce titre de prendre la température des idées politiques et des goûts littéraires de ces nouvelles générations.
Numéro après numéro et sur son site web, n+1 pose un regard original sur les Etats-Unis. Ancrés à gauche, ses essais, fictions et longs articles à l'écriture léchée mêlent l'analyse politique et la critique sociale, la philosophie et l'humour, une