Sur le fil, dans l'urgence et en plein foutoir, c'est le rythme de Libération depuis sa naissance. Le fil, c'est celui sur lequel nous oscillons depuis 1973 : un coup on penche à gauche, un coup on mollit ; un coup un éclair nous porte vers des unes éclatantes, un coup il nous aveugle. L'urgence, c'est celle du quotidien, d'une équipe possédée mais qui s'est parfois laissé déposséder. Le foutoir, c'est celui qui agite chaque jour Libération et qui aboutit chaque jour comme par miracle à la publication du journal en ligne, en kiosques et dans les boîtes aux lettres. Et, depuis six mois, Libération revit ses quarante premières années en accéléré : le fil s'est brusquement détendu, l'urgence est au bout du mois, au bout de la semaine, au bout de la journée ; bref, le foutoir. A la veille de se lancer dans une autre histoire, Libération doit se faire entendre. Dire ce qu'il veut, ce qu'il se rêve, ce qu'il doit s'attacher à devenir, et proclamer ses idéaux qui ne sont pas satisfaits aujourd'hui. Nous sommes un journal. Nous n'avons plus rien à perdre que Libération et ça, ce n'est pas négociable.
Nous sommes «une embuscade dans la jungle de l’information»
Ainsi s'achevait le manifeste de 1973 signant la naissance de Libération. Quarante ans plus tard, au temps de l'infobésité, de l'info instantanée qui émiette et dissout, de l'infotainment, de la communication, du marketing partout et tout le temps, nous devons