Menu
Libération

Au «Grand Journal», les deux Ménard

Article réservé aux abonnés
publié le 11 mai 2014 à 18h06

Maire de tous les Biterrois et de toutes les Biterroises, Robert Ménard revient en triomphateur au Grand Journal. Mais quel Ménard ? Car il y a, insupportablement, deux Ménard. Le Ménard d'aujourd'hui, le petit méchant Ménard, élu maire de Béziers avec le soutien du Front national (FN). Et celui-ci, au Grand Journal, on va l'accueillir comme il faut, on ne va pas le rater, on a préparé la vidéo qui tue, celle qui montre son directeur de cabinet, un certain Christophe Pacotte, organisant des tractages en burqa, et discutant avec un électeur raciste sur un marché. Et on est prêts à la lui balancer direct, tiens, prends-toi ça. Même Jean-Michel Aphatie, c'est dire, est terrassé par la vidéo : «C'est pas terrible, quand même. Ça fait mal aux dents.»

Mais voilà. Le petit maître de Béziers n’est pas venu seul. Il est venu avec son double, le Ménard d’avant, celui de Reporters sans frontières, dont l’image persiste dans les rétines. Car il fut de leur monde, du monde d’avant, quand on était si heureux de militer ensemble, au coude à coude, devant la Maison de la radio ou le siège de France Télévisions, pour les journalistes persécutés par les méchantes dictatures ou retenus en otage par les infâmes islamistes, pour cette cause sacrée, indiscutable, si belle, de la liberté de la presse. Et on sent comme un effroi chez ses interlocuteurs, Antoine de Caunes, Jean-Michel Aphatie, Guillaume Durand, devant le revenant de Béziers. Comment donc, il fut jadis des n