Les 4 millions que Bruno Ledoux avait dit avoir versés il y a quinze jours à Libération sous forme de prêt viennent en fait de la bourse de Patrick Drahi, actionnaire principal de Numericable, actuellement en pleine opération de rachat de SFR. L'information, révélée lundi par Mediapart, a été confirmée aux représentants du personnel par ce qu'on nomme pudiquement «une source proche des négociations». Ce n'est pas complètement une surprise : le nom du milliardaire circulait depuis plusieurs semaines comme futur investisseur de Libé, aux côtés ou en lieu et place de Bruno Ledoux, détenteur de 26% du journal, via sa société BLHM (Bruno Ledoux Holding Media). Mais il y a une dizaine de jours, lors d'un comité d'entreprise, François Moulias, le président du directoire de Libération, avait démenti que Drahi ait apporté cette somme. Hier, le même Moulias refusait de confirmer quoi que ce soit.
Pour comprendre l’opération, il faut revenir au protocole qu’a signé Bruno Ledoux et qui a été validé par le tribunal de commerce le 28 avril.
Cheminement. Dans ce dernier, BLHM s'engageait à apporter à terme, sous forme d'augmentation de capital, 18 millions d'euros à Libération, et à verser 4 millions immédiatement sous forme de prêt. Mais, subtilité de la manœuvre, n'importe qui pouvait se substituer à Bruno Ledoux. Dans les documents déposés au tribunal, les salariés avaient découvert la mention d'un investisseur anon