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Libération
Chroniques «Médiatiques»

Droit à l’oubli : un grand virage technologique

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publié le 8 juin 2014 à 18h06

C’est un grand virage technologique, malheureusement passé inaperçu. On n’a pas assez souligné la considérable défaite judiciaire de Google devant la Cour de justice de l’Union européenne : saisie par un Espagnol qui souhaitait retirer des résultats de recherche des articles de 1998, faisant mention d’une vente aux enchères destinée à rembourser sa dette auprès de la sécurité sociale, la Cour a donné raison à ce dernier, contre le moteur américain. Et, dans la foulée, elle a affirmé le principe selon lequel tout internaute avait le droit de faire valoir un «droit à l’oubli», et pouvait donc solliciter le retrait des données le concernant.

Dès la semaine suivante, Google faisait savoir qu’il mettait un formulaire à la disposition des internautes candidats à l’oubli. Assaillie après quelques jours de quelque 40 000 demandes, la firme laissait entendre qu’elle avait l’intention d’embaucher des salariés chargés de traiter ces demandes. Sans doute, dans l’idéal, serait-il préférable de lui retirer ce rôle, pour le confier à une autorité indépendante - évidemment financée par les industriels - mais, dans l’immédiat, elle va s’y coller.

Le droit à l’oubli est de ces questions, intellectuellement irritantes, dans lesquelles il n’y a ni bonne réponse éthiquement évidente, ni même critères précis. Les cas de figure sont multiples, et parfois opposés, du syndicaliste en recherche d’emploi, et qui souhaite faire disparaître les mentions de son rôle dans une grève pour augmenter ses chance