D'elle, on a tout entendu, tout lu. Gouailleuse, caillera, gaffeuse, vulgaire, les qualificatifs ne l'épargnent pas et le curseur se perd souvent entre provocation et désolation. Alors, quand on rencontre Enora Malagré dans le resto du XIXe arrondissement qui lui sert de QG, on s'attend un peu à débattre avec une fée clochette sous amphètes, doublée d'une carriériste qui ferait business dans le buzz.
Sans surprise, la chroniqueuse de D8, faire-valoir de Cyril Hanouna, a le tutoiement immédiat, le parler jeune et le débit kalachnikov. Sans surprise, l'animatrice radio sur Virgin balance des «mon ange» à son attaché de presse, confond serveur et «chaton» et gratifie le photographe d'un «Fred, c'est velours, il connaît la gonzesse !». Sans surprise, son rire grave et profond sature l'espace de ses éclats émoussés. Mais très vite, sous les excès, se dessine un personnage attachant, valsant entre solidité d'apparat et autodépréciation. Si la miss promène sur les plateaux une décontraction naturelle et s'autorise quelques doigts d'honneur, à la ville, Malagré est une fille en jeans slim et chemisier Antik Batik, qui avoue même quelques timidités. En témoigne ce tatouage assez light de tigre rugissant qui a tourné dix ans dans son esprit avant qu'elle l'ait sur la peau.
Alignements. En 1980, elle voit le jour dans une famille militante et bretonnante. Son père travaille dans le milieu hospitalier, sa mère peu