En France, Lakshmi Mittal restera comme le fossoyeur des hauts fourneaux de Florange. Le doc de Jérôme Fritel, Mittal, la face cachée de l'empire, diffusé mardi soir sur Arte, est à la fois un portrait fouillé du roi de l'acier, industriel sans scrupule au sourire si doux, et un conte cruel de la mondialisation dans lequel l'Europe est le dindon de la farce. Il était une fois un petit Indien issu de la caste marchande des Marwaris, dont le dharma («devoir») est d'amasser des richesses. Lorsque le mur de Berlin s'effondre, il a le génie de racheter pour trois sous les aciéries soviétiques dont personne ne veut. Du coup, quand le champion du low-cost veut s'offrir en 2005 la rolls Arcelor, le coq franco-hispano-luxembourgeois, fort de sa supériorité technologique, ne se méfie pas. «A tort…» avoue, contrit, l'ex-patron d'Arcelor, Guy Dollé. Mais voilà, Mittal a fait alliance avec les financiers, les princes de Wall Street et de Londres, dont il partage l'obsession du profit. Tandis que ce ringard d'Arcelor plaide pour sa «culture industrielle». Sans surprise, les actionnaires votent Mittal. Ils ne sont pas déçus.
Pour le milliardaire devenu leader mondial, «le seul horizon qui compte est celui du trimestre, et trimestre, c'est encore gentil. Bien souvent, la gestion se fait au mois, voire à la semaine», explique Philippe Lamberts, député européen éc