Pour envisager l’avenir du jeu vidéo, plusieurs hypothèses légitimes sont disponibles, pas forcément exclusives les unes des autres. Par exemple, il est certain que l’industrie va profondément muter sous l’influence systémique du big data. La collecte et l’analyse de données, devenues générales, vont continuer à façonner pour le meilleur et pour le pire des pans entiers du business mais aussi de la création. Les développeurs, en effet, sont désormais eux-mêmes de grands consommateurs d’informations de ce type, non seulement pour suivre les comportements attachés à leurs jeux déjà sur le marché mais aussi dans le cadre d’études préalables à un projet. Même chez les indépendants américains, souvent les plus politiques et extravertis, le débat est embarrassé mais réel.
Dans un monde de connexion permanente, la surveillance des joueurs (ou du moins de leurs pratiques, la collecte d’informations étant en principe anonyme) est devenue d’une facilité technique irrésistible, sans équivalent dans les autres activités culturelles, et si elle vise d’abord à trouver les moyens de mieux faire payer le joueur-consommateur, elle peut aussi apporter des lumières imprévues à un créateur sincère. On peut imaginer que certains indés revendiqueront une politique raisonnable, voire un usage éthique, du big data. On peut même rêver que quelques radicaux l’abjureront. Mais la marche de l’industrie dans son ensemble ne sera pas stoppée sur ce point.
Une autre tendance lourde ne vient pas contredire l