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Les capitaux étrangers dans l’œil de Moscou

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Une loi récemment votée limite à 20% la part des investisseurs occidentaux. Premiers touchés, les magazines, dont l’influence est jugée plus insidieuse.
Un kiosque moscovite, en mars 2010. (Photo Natalia Kolesnikova. AFP)
publié le 6 octobre 2014 à 19h16

«Celui qui possède l'information possède le monde […] En période de guerre froide médiatique, initiée non pas par la Russie mais par l'Amérique et l'Europe, quand sont en jeu la sécurité des frontières, de la pensée, des idées… il faut distinguer très clairement les contenus russes et les contenus financés de l'étranger.» C'est ainsi que le député nationaliste russe Vadim Denguine explique la nécessité de la loi dont il est l'un des instigateurs, et qui vient d'être votée en Russie. A partir du 1er janvier 2016, un actionnaire étranger ou ayant la double nationalité ne pourra pas détenir plus de 20% d'un média russe, quel qu'il soit - télé, radio, presse écrite.

A première vue, cette loi semble taillée sur mesure pour détruire le peu de presse indépendante qui reste encore en Russie, nommément le quotidien d'affaires Vedomosti, appartenant au groupe finlandais Sanoma Independent Media (SIM), à l'américain Dow Jones (Wall Street Journal) et au britannique FT Group (Financial Times) ; et le magazine Forbes dans sa version russe, publié par l'allemand Axel Springer. En soi, il ne s'agit pas de presse d'opposition, mais l'appartenance étrangère et le profil «business» leur ont permis effectivement d'échapper à la censure et autocensure imposées aux médias russes, d'opposer à l'obséquiosité et à la propagande une couverture critique et pondérée des événements, y compris politiques. «C'est nous faire beaucoup trop d'honneu