Des journalistes comme ça, on n'en fait plus. Le Washington Post, qui sait rendre hommage aux siens, évoquait tout simplement mercredi «un rédacteur en chef légendaire» en annonçant en une la disparition de Ben Bradlee, 93 ans. «C'était le meilleur de son temps et il a eu un impact immense sur notre journal», a commenté Donald E. Graham, dernier représentant de la famille qui a si longtemps tenu les rênes du quotidien de la capitale américaine.
Ben Bradlee, c’était évidemment le Watergate, le plus gros scandale politique américain. En 1972, il avait su porter une oreille attentive à deux jeunes reporters sans grande expérience, Carl Bernstein et Bob Woodward, qui s’étaient mis à enquêter sur le drôle de cambriolage des locaux du Parti démocrate dans le complexe immobilier du Watergate. L’affaire d’espionnage entraînera la démission du président Richard Nixon en 1974.
C'est durant cette période que Bradlee va construire sa légende. Lui qui a commencé sa carrière de reporter comme correspondant de Newsweek en 1954 s'impose très vite au Washington Post quand il y débarque en 1968. Il gravit tous les échelons en quelques mois pour devenir le patron de la rédaction. Quand éclate le scandale du Watergate, il se taille la réputation d'un journaliste inflexible. Il accorde une confiance totale à Bernstein et Woodward et refuse de divulguer aux autorités l'identité du fameux «Deep Throat», l'informateur qui a révélé l'existence des écoutes i