Peut-être en compte-t-on déjà dix, ou bien vingt, ou peut-être même cinquante, ça dépend du moment où vous lisez cet article. A la fin de la journée, en tout cas, c'est sûr, ce sont les statistiques pour la France : ils seront 120 à être morts des suites de leur alcoolisme. «Leur» alcoolisme, évidemment, parce que c'est toujours les autres, les soucis de bibine. Nous-mêmes, hein, qui écrivons ces lignes au beau milieu d'un pot de départ bien arrosé à Libération… A la question «combien de jours par semaine buvez-vous de l'alcool ?» du test d'addiction, cette femme au début du docu répond, de sa voix que le whisky a logée dans les graves : «Bah, tous les jours.» Ce jour-là, elle va tester le Baclofène, sa première dose d'une longue série.
Spasmes. «Alcoolisme, la promesse du Baclofène», dit le documentaire de Marie-Pierre Jaury dans son titre. Une promesse, un espoir, «une efficacité remarquable», témoigne un médecin, «une hérésie», s'indigne un autre. Le docu retrace la jeune histoire de ce médicament initialement prescrit aux malades de sclérose en plaques pour soulager les contractions douloureuses. Un chercheur italien le teste sur des rats alcoolos. Ça marche. Aux Etats-Unis, un paraplégique, par ailleurs accro à la cocaïne, augmente ses doses de Baclofène pour calmer ses spasmes et voilà que, peu à peu, le manque, le craving comme disent les familiers du médicament, s'esto