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Libération

Jouyet, Barma, figures de l’ombre en pleine lumière

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publié le 16 novembre 2014 à 17h16

Voici Jean-Pierre Jouyet en pleine lumière. Avant «l'affaire», vu par les reporters pipolitiques, le secrétaire général de l'Elysée était surtout le meilleur ami de François Hollande. Son ami de la promotion Voltaire de l'ENA, l'homme de confiance, le héros de toute une épopée complexe de brouilles et de réconciliations entre couples mythiques, le couple Royal-Hollande et le couple Jouyet-Taittinger (des champagnes), avec rebondissements multiples, et un haut fait à son actif : «l'exfiltration» de l'Elysée de Valérie Trierweiler. Que Jouyet soit personnellement de droite n'était pas un mystère. «Macron est plus à gauche que moi», expliquait-il à Ariane Chemin et à Raphaëlle Bacqué, du Monde, sans que nul y trouve à redire.

Et survient le drame. Jouyet balance à deux autres journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, un secret de palais (à la demande de Fillon, il a lui-même demandé à Hollande de demander à la justice de taper vite et fort sur Sarkozy. Et Hollande a refusé). Pauvre Jouyet ! Croyait-il encore parler à Bacqué et à Chemin, infatigables tisseuses qui régalent les lecteurs de la chronique dentelée des virevoltes de l'establishment ? Non. Il parle à l'autre duo, Lhomme et Davet, deux durs de durs, gardes du corps, petites entrées chez les juges et dans la police. Le même déjeuner qui, sous d'autres plumes, serait apparu comme un indice supplémentaire de son entregent, se transforme en attentat contre l'indépendance de la justice