Il est là tous les jours sur le boulevard Rothschild, la longue artère boisée qui traverse Tel-Aviv. Sa salopette rouge orangé est aux couleurs du journal qu'il glisse dans la main des passants, coince sur le panier des vélos pressés, porte aux automobilistes qui le hèlent fenêtre ouverte. Il travaille pour Israel Hayom («Israël aujourd'hui»), tabloïd gratuit israélien aux gros titres accrocheurs et porte-voix du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou.
Désormais «premier quotidien du pays» ainsi qu'il se définit, le journal est menacé de disparition par des députés qui dénoncent, tel le travailliste Eitan Cabel, un «pamphlet se livrant à un culte de la personnalité digne de la Corée du Nord». En outre, la gratuité d'Israel Hayom en fait, selon ses détracteurs, un concurrent déloyal pour les principaux quotidiens du pays, à bout de souffle financier, auquel il rafle la majorité des recettes publicitaires. Mercredi, un vote à la Knesset visant à interdire sa diffusion gratuite l'a emporté par 43 voix contre 23 et 9 abstentions, des députés de la majorité de droite s'exprimant même en faveur de l'interdiction du tabloïd. C'est Sheldon Adelson, un richissime américain conservateur et principal soutien des campagnes électorales de Benyamin Nétanyahou, qui a lancé le titre en 2007. Créé pour défendre la cause de l'actuel Premier ministre, Israel Hayom suit son agenda et ses opinions à la lettre. L'un de ses éditorialistes fait d'ailleurs