Grave et lente, la caméra s'arrête sur chaque visage, les scrute, les interroge, guette une réaction, un rictus, un sourire. «Paris libéré, crachote la TSF, libéré par lui-même.» C'est sûr, aux mots du général de Gaulle, les visages vont s'ouvrir d'un coup et les hommes bondir de joie, on est le 25 août 1944, ça y est, enfin Glenn Miller et son orchestre dans les rues, enfin les Américains qu'on embrassera à bouche que veux-tu, enfin, enfin, enfin. «Coupe-moi ces conneries, tranche un milicien à la mèche antisémite, moi je peux vous dire qu'avant que les libérateurs arrivent, il y aura du sang juif et antifrançais qui coulera sous les ponts.»
Il y a là, dans les premiers instants de la sixième et avant-dernière saison qui démarre ce mardi sur France 3, tout ce qui fait Un village français. La petite histoire que la grande emboutit brusquement, la surprise permanente qui laisse le téléspectateur comme deux ronds de flan, une caméra toujours placée au bon endroit, et une série toujours meilleure.
Cacao. Dix mois ont passé à Villeneuve, la sous-préfecture jurassienne inventée par le trio de créateurs de la série, Frédéric Krivine, le scénariste, Emmanuel Daucé, le producteur, et Philippe Triboit, le réalisateur, depuis la fin de la saison précédente qui voyait tomber le maquis. Entre-temps, le 6 juin 1944, un certain débarquement a eu lieu, dont il n'est jamais fait mention dans cette sixième saiso