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«De crise en crise, les moyens se sont terriblement réduits»

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Prix Albert-Londres, Philippe Pujol, ex-journaliste à «la Marseillaise», analyse les raisons qui ont conduit le quotidien de gauche au dépôt de bilan.
Les rotatives de "la Marseillaise" imprimant l'édition du 18 novembre. (Photo Patrick Gherdoussi)
publié le 18 novembre 2014 à 19h26

Ces jours-ci, Philippe Pujol est beaucoup sollicité. Ancien journaliste de la Marseillaise, il a décroché voilà six mois le prix AlbertLondres 2014 pour une série d'enquêtes sur les trafics des cités marseillaises (1), avant de quitter dans la foulée son journal, où il travaillait depuis dix ans. Le quotidien communiste fondé dans la Résistance va mal. Il vient de déposer son bilan. Alors on appelle Philippe Pujol (39 ans) pour qu'il raconte les atouts et faiblesses du journal, et dont il parle comme s'il y était toujours salarié.

«C'est une érosion permanente, dit-il. De crise en crise, les moyens se sont terriblement réduits, on a beaucoup perdu sur l'éditorial, les moyens pour travailler.» La Marseillaise a perdu une quarantaine de salariés ces deux dernières années (sur 213 personnes, dont une centaine de journalistes qui ont déclaré lundi leur volonté d'avoir «voix au chapitre» sur l'avenir de leur titre, même s'ils ne sont pas majoritaires au CE). Elle craint de perdre cette fois un tiers de ses effectifs. «Moins tu as de journalistes, moins tu as d'infos et de sources, c'est la base de notre métier,explique Pujol. On vend moins. Pourtant on a gardé une influence à Marseille. On oblige les autres à rester sur les domaines où on est bons ; la culture, le social. Le marketing actuel ne les pousserait pas trop à parler des pauvres. Si un concurrent le fait, tu es obligé de le faire.»

Le niveau précis des ventes