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Le streaming, pléthore mouillée

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L’internaute, perdu face aux 30 millions de morceaux de musique disponibles en ligne, a tendance à se réfugier vers les valeurs sûres.
(Photo Pawel Janczarek, CC BY)
publié le 27 novembre 2014 à 18h36

Lorsque les offres de streaming payantes se sont lancées à partir de 2007, elles s’appuyaient sur une promesse : écoutez toute la musique que vous voulez en surfant à travers un catalogue riche de plus de 20 millions de titres. Les serveurs ont grossi depuis, dépassant les 30 millions de morceaux, mais le mythe d’internautes avides d’inconnu, qui arpenteraient le juke-box infini en se gavant de rock psychédélique péruvien ou de pièces de Schönberg découvertes au fil de longues nuits de recherche avides a fait long feu.

Le streaming n’a pas fondamentalement changé le monde. Il est toujours constitué d’une minorité d’auditeurs organisés, ceux qui allaient dans les magasins de disques avec l’intention d’en ressortir avec une liste de disques bien précise et éventuellement une poignée d’imprévus, et une majorité pour qui la musique est importante mais qui n’est pas partant pour lui consacrer du temps ou des moyens plus d’une ou deux fois l’an. Ce sont ceux qui vont au concert une fois de temps en temps, achetaient un CD ou deux par an et s’appuient sur la radio pour se laisser guider.

La faute, en bonne partie, à un phénomène déjà entrevu dans les bibliothèques et étudié depuis la mise en place d'offres illimitées en ligne (musique, cinéma…) : l'anomie devant la masse. Posés devant l'illimité, même théorique, les internautes restent prostrés comme un lapin dans les phares d'une voiture et finissent par écouter un bon vieux Beatles. «Face à cet océan de contenus, il y a le risq