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Libération

Le sanglot long des huissiers en automne

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publié le 21 décembre 2014 à 17h26

Les petits devant, les gros derrière ! C’est un artifice de com connu et éprouvé. Epaulés par de puissants cabinets de communication, les syndicats professionnels, quand ils entament une campagne de lobbying, mettent en avant le médecin généraliste rural, l’avocate débutante qui galère de divorce en recouvrement de créance, ou le petit agriculteur de montagne, plutôt que le chirurgien esthétique aux dépassements d’honoraires faramineux, le ténor du barreau, ou l’industriel de l’agroalimentaire. Avec la complicité objective des télés, évidemment, et de leur fringale de personnages concernants et compassionnels.

S'agissant des professions juridiques réglementées, pourtant, qui viennent de s'engager dans un combat contre la loi Macron, les acteurs eux-mêmes n'avaient pas osé. Rappelons que le revenu net mensuel médian d'un notaire se monte à 13 284 euros, peu de chose par rapport à un administrateur judiciaire (25 719 euros), lequel n'est encore qu'un miséreux, comparé à un greffier de tribunal de commerce (29 177 euros). Dans leurs banderoles, ils avaient choisi de mettre l'accent sur la «sécurité juridique», ou «l'accès au droit dans les territoires», qu'ils garantissent prétendument à leurs clients, plutôt que sur leur infortune personnelle. Certes, leur seul statut de manifestants à la République leur donnait immédiatement accès à la sympathie. Ainsi, le reportage de Libé sur cette manif donnait la parole à «Jean-Pascal, commissaire-priseur à Châteaudun», «Xavier, h