Voilà un symbole clair du rapprochement diplomatique entre Washington et La Havane : le service de VOD par abonnement Netflix a annoncé lundi son lancement à Cuba. Les séries House of Cards, Orange Is the New Black et autre Marco Polo seront donc désormais accessibles légalement dans ce pays dont le paysage audiovisuel se limite à cinq chaînes publiques et plusieurs stations locales, mais aucun opérateur privé.
Reed Hastings, cofondateur et PDG de la plateforme, déclare dans un communiqué : «Nous sommes ravis d'être enfin capables de proposer Netflix aux Cubains, qui auront ainsi accès à des histoires du monde entier qui les raviront. Cuba a d'excellents cinéastes et une culture artistique solide, et nous espérons être un jour capable de relayer leurs œuvres à nos plus de 57 millions d'abonnés dans le monde.» Netflix, désormais présent dans près de 50 pays, est proposé en Amérique latine depuis 2011 avec plus de 5 millions d'abonnés dans cette zone jamais oubliée des diverses campagnes marketing de la plateforme.
En attendant de voir une série «hecha en Cuba» sur nos écrans via Netflix, reste à savoir comment ce lancement sera accueilli dans le pays. Signalons ainsi que l'abonnement de base coûtera tout de même 7,99 dollars, alors que le salaire moyen mensuel cubain est légèrement inférieur à 20 dollars. A ce prix, la revolución attendra. La question de l'équipement technique est également centrale : en décembre, Libération rappelait ainsi les conditions d'accès au web particulièrement délicates suite à l'embargo américain. Le taux de pénétration d'Internet à Cuba est de 25% (contre 82% pour la France), et les tarifs en font un service de luxe : environ 3,5 euros de l'heure pour se connecter dans des endroits précis (hôtels, boutiques), l'accès à domicile étant pour l'instant réservé à des personnes agréées (fonctionnaires, médecins, journalistes).
Si le système D, via des partages illégaux d'abonnement, permet toutefois de passer outre ces restrictions, seuls les Cubains les plus aisés peuvent accéder régulièrement à la Toile, et pas vraiment en haut débit. Loin de là. Autant dire que malgré les promesses de Barack Obama pour favoriser le développement de nouvelles technologies sur l'île, l'arrivée de Netflix sur le territoire cubain ne transformera pas du jour au lendemain les habitants en accros au binge-watching.