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Couverture des attentats : le CSA sermonne les chaînes télés

10 ans après l'attentat contre Charlie Hebdodossier
Leur sont notamment reprochées la diffusion des images de la mort d'Ahmed Merabet, de l'identité des frères Kouachi ou la divulgation de la présence de personnes cachées à Dammartin-en-Goële et à l'Hyper Cacher.
Le CSA reproche à certaines chaînes leur annonce trop précoce de l'assaut contre l'imprimerie où étaient retranchés les frères Kouachi. (Photo Joël Saget. AFP)
publié le 12 février 2015 à 17h10

Les événements étaient sans précédent, leur traitement médiatique également. Un mois après les attentats de Paris, le CSA a livré ce jeudi ses conclusions sur le traitement des événements à la radio et à la télévision. Et même si, selon lui, «les médias audiovisuels ont assuré l'information du public, remplissant le rôle essentiel qui est le leur», le Conseil leur a adressé au total 15 mises en garde et 21 mises en demeure.

Deux chaînes font l'objet de remarques spécifiques (rappelons que les mises en garde et mises en demeure du CSA ne sont pas des sanctions). Pour avoir diffusé les images de l'assassinat du policier Ahmed Merabet, tué à bout portant par un des frères Kouachi le 7 janvier, France 24 a été mise en demeure de respecter «la dignité de la personne humaine». France 5, qui n'a pas diffusé les images mais a montré la une du Daily Telegraph avec une photographie extraite de la séquence, sans avoir flouté le visage d'Ahmed Merabet, fait elle l'objet d'une mise en garde.

Les autres remontrances du CSA concernent plusieurs chaînes à la fois. Ainsi, iTélé et LCI ont été mises en demeure pour avoir divulgué des «informations concernant l'identification de Saïd et Chérif Kouachi, avant la diffusion de l'appel à témoins par la préfecture de police», ce qui pouvait permettre aux intéressés «de comprendre qu'ils avaient été identifiés et qu'ils étaient activement recherchés, ce qui risquait de perturber l'action des autorités».

Pour avoir annoncé, le vendredi 9 janvier à 17 heures, que l'assaut policier à Dammartin-en-Goële venait de débuter, treize chaînes et stations (BFM TV, Euronews, France 2, France 24, iTélé, LCI, TF1, Europe 1, France info, France inter, RFI, RMC et RTL) ont été mises en demeure «de respecter l'impératif de sauvegarde de l'ordre public». Selon le CSA, l'annonce de l'assaut «aurait pu avoir des conséquences dramatiques pour les otages de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, dans la mesure où Amedy Coulibaly avait déclaré lier leur sort à celui de ses complices de Dammartin-en-Goële».

Le même jour, France 2, TF1 et RMC signalaient qu'un employé de l'imprimerie de Dammartin-en-Goële s'était caché après l'irruption des terroristes dans le bâtiment, tandis que BFM TV et LCI évoquaient le fait que plusieurs personnes étaient cachées dans la chambre froide de l'Hyper Cacher de Vincennes. Chacune a été mise en demeure de «ne plus renouveler de tels manquements à l'ordre public», car ces révélations «étaient susceptibles de menacer gravement la sécurité des personnes retenues dans les lieux».

Diffusion du nom d'un faux coupable

Moins grave aux yeux du CSA, le fait d'avoir fait circuler, pendant quelques heures, le nom d'un jeune homme en le présentant comme un complice des frères Kouachi vaut à BFM TV, France 2, iTélé, LCI et TF1 une mise en garde. Les chaînes ont, selon lui, non seulement «manqué de mesure dans le traitement de l'enquête, mais encore pris le risque d'alimenter les tensions dans la population à partir d'une allégation qui s'est révélée inexacte».

Le fait d'avoir diffusé en direct le déploiement des forces de l'ordre et d'avoir évoqué leur stratégie avant les assauts à Dammartin-en-Goële et à Vincennes vaut une mise en garde à BFM TV, Canal +, Euronews, France 2, France 24, LCI et TF1, «au regard de la nécessaire conciliation entre la sauvegarde de l'ordre public et le respect de la liberté de communication».

Enfin, la diffusion d'images «insistantes» montrant l'assaut de Vincennes dans son intégralité, y compris le moment où Amedy Coulibaly se jette sous les balles des policiers, vaut une mise en garde à France 3 et Canal+.

Conclusion ? Pour le CSA, il faut maintenant compléter sa recommandation de novembre 2013 relative au traitement des conflits internationaux, des guerres civiles et des actes terroristes, notamment en ce qui concerne «le respect de la dignité de la personne humaine, la sauvegarde de l'ordre public et la maîtrise de l'antenne.