Faire de Facebook «le journal personnalisé à la perfection pour chaque personne dans le monde» est la nouvelle obsession de Mark Zuckerberg, comme il l'annonçait déjà en novembre 2014. Non pas en produisant directement des informations, mais en gérant et ajustant le pléthorique contenu des sites d'infos à coups d'algorithmes prédisant à base de «likes» ce que l'utilisateur aurait envie de lire… et ce que Facebook considère comme digne d'être lu. Le réseau a par exemple drastiquement infléchi la présence des attrapes-clic type Upworthy et autre fermes à contenu.
Ainsi, Facebook a déjà la main-mise sur une partie non négligeable du traffic des plus grands médias, ayant la possibilité de choisir quels articles ou sites apparaîtront sur les fils des internautes ou pas. Une situation de domination qui ne satisfait visiblement pas la firme. D'où le passage à l'étape suivante : le réseau social souhaite désormais héberger lui-même les articles des sites d'infos, comme le révèle le New York Times. Le vénérable quotidien américain serait en négociation depuis plusieurs mois avec la firme de la Sillicon Valley, tout comme Buzzfeed et National Geographic.
Partage des revenus publicitaires
La motivation principale de Facebook est d'éviter à ses 1,4 milliard d'utilisateurs tout clic superflu en les renvoyant vers un autre site. Et les garder ainsi dans un écosystème fermé (cf. l'autre mantra zuckerbergien : Facebook est la porte d'accès à tous les contenus sur Internet). Les boys de Zuckerberg ont martelé publiquement leur intention de rendre «l'expérience» des internautes sur Facebook plus «lisse». Attendre huit secondes en moyenne qu'un article s'ouvre sur son mobile après avoir cliqué sur un lien, ce n'est effectivement pas très lisse. D'où l'avantage considérable de pouvoir lire directement les contenus sur le réseau social. Dans le business de l'attention, chaque milliseconde compte, rappelle le New York Times.
En revanche, cela priverait les sites d’infos des précieuses données de navigation laissées par les internautes en visite sur leurs plateformes. En contrepartie, Facebook est prêt à partager les revenus des publicités liées aux articles, fort de sa flatteuse réputation dans sa capacité à monétiser son audience et les données collectées, chose que peu de médias parviennent à faire.
Pour l'instant, aucun deal n'a été signé, et le Guardian aurait répondu plutôt froidement aux avances du réseau social. Quand bien même les médias auraient plus à perdre qu'à gagner dans cet échange, le poids de Facebook sur leur audience risque de peser lourd dans la balance.