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France Télévisions : le bal des prétendants est ouvert

Les candidats à la présidence ont déposé leur dossier. Seuls neuf noms sont connus.
Lors de la conférence de rentrée du groupe France Télévisions, en août 2012. (Photo Laurent Troude)
publié le 26 mars 2015 à 19h56

En vitrine, la procédure de candidatures-nomination à la tête de France Télévisions paraît extrêmement balisée, indépendante et hautement confidentielle depuis que le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a récupéré en 2013 le pouvoir de nommer les présidents de l’audiovisuel public. En coulisses, les paris sont ouverts depuis plusieurs semaines.

Une première étape concrète s'est achevée jeudi à 17 heures, date limite pour déposer son dossier de candidature. Quelques impétrants auraient été vus entrer dans la matinée au siège du Conseil, Quai André-Citroën (Paris XVe), pour remettre leurs documents, illico presto dirigés vers le coffre. D'autres parviendront peut-être par la poste, le cachet faisant foi. Le pli, a recommandé le CSA, devait être revêtu de la mention : «Procédure de nomination à la présidence de France Télévisions - Personnel et confidentiel».

Portrait-robot. La levée d'écrou pour la pile d'enveloppes sera réalisée par les Sages le mercredi 1er avril. Le nombre de candidats sera alors rendu public. Le nombre, pas les noms… Les chanceux figureront dans la liste des auditionnés. Cette short list sera rendue publique si aucun des retenus ne s'y oppose, a contrario de la procédure suivie pour la présidence de Radio France début 2014. En autorisant des candidatures secrètes, le CSA espère susciter des vocations chez des prétendants du privé en fonction. Verdict : entre le 22 avril et le 22 mai.

Le portrait-robot du futur patron doit répondre à des critères qui pourraient en dissuader plus d'un(e) : bon gestionnaire, il (elle) devra réformer un groupe de 10 000 salariés, développer le numérique, être audacieux dans le choix des programmes et, last but not least, composer avec les producteurs et le gouvernement. Le tout avec moins d'argent et une présidentielle en 2017 qui pourrait déboucher sur une alternance. Ne pas être trop marqué politiquement peut être un atout… Face à l'ampleur de la tâche, certains candidats auraient proposé leurs services par binôme, voire par équipe pour convaincre le CSA. Mais chut.

Les milieux politico-médiatiques bruissent d'incarnations futures de la télé publique. Choisi en 2010 par le président Sarkozy, Rémy Pflimlin espère être le premier patron de France Télé à être reconduit. Huit autres candidats se sont déclarés, comme Marie-Christine Saragosse (France Médias Monde), Christophe Beaux (Monnaie de Paris), Patricia Langrand (Steria), Cyrille du Peloux (Veolia), Nathalie Collin (la Poste), Alexandre Michelin (Microsoft MSN), Serge Cimino (délégué SNJ de France Télévisions). «J'ai déposé aujourd'hui ma candidature, car j'ai un projet qui répond aux enjeux», s'est également déclaré Didier Quillot, ex-patron de Lagardère Active, qui peaufinait son dossier depuis neuf mois. En écho à la tempête qui secoue Radio France, en grève depuis huit jours, il a ajouté : «Je veux aussi refonder le dialogue social et je rechercherai l'adhésion des salariés.»

Domino. La première nomination présidentielle du CSA, celle de Mathieu Gallet, en pleine tourmente, devrait inciter le CSA à la prudence. Car le jeune président de la Maison ronde a réussi à «chauffer à blanc» le gouvernement, de sources élyséennes. Le CSA, seul à même de le révoquer, lui a signifié mercredi le maintien de «sa confiance», tout en lui demandant «de lui communiquer l'ensemble des orientations élaborées». Le processus de succession enclenché à France Télévisions au même moment aura forcément un effet domino sur son avenir.