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KIOSQUE

Des salariés de «Charlie Hebdo» veulent remettre à plat son architecture

Dans une tribune, des salariés de l'hebdomadaire s'inquiètent de son avenir, craignant qu'il fasse «l’objet de manipulations politiques et/ou financières».
Bouclage du nouveau numéro de «Charlie Hebdo» dans les locaux du quotidien «Libération», le 23 février. (Photo Julien Mignot)
publié le 1er avril 2015 à 11h24
(mis à jour le 1er avril 2015 à 12h47)

La tribune, publiée par le Monde, est signée par «le collectif du journal Charlie Hebdo», à savoir : Zineb El-Rhazoui, Simon Fieschi, Antonio Fischetti, Pascal Gros, Philippe Lançon, Laurent Léger, Luz, Mathieu Madénian, Catherine Meurisse, Patrick Pelloux, Martine Rousseaux, Jean-Baptiste Thoret, Sigolène Vinson, Jean-Luc Walet et Willem. Qu'ils soient dessinateurs, journaliste, chroniqueur ou webmaster, ces quinze signataires font entendre leur voix pour «échapper au poison des millions» récoltés par Charlie Hebdo après les attaques de janvier.

Alors que le dernier numéro de l'hebdomadaire sort en kiosques avec une tête familière croquée par Luz en couverture, la tribune, intitulée «Pour la refondation de Charlie Hebdo» liste des propositions pour continuer à produire «un journal satirique et fier des idées qu'il essaie de porter», sans pressions financières et politiques.

La forme souhaitée est celle d'une société coopérative, véritable Arlésienne entre collaborateurs depuis des années, au détriment du statut d'entreprise commerciale. L'idée est de permettre aux salariés de prendre part «aux décisions qui engagent le journal, sans en retirer de gains personnels», car «les parts sociales dévolues ne donneront aucun droit à dividendes».

La tribune évoque également des menaces planant sur le titre : «Nous assistons aujourd'hui à des prises de décision importantes pour le journal, souvent le fait d'avocats, dont les tenants et les aboutissants restent opaques. Nous entendons qu'une nouvelle formule se prépare, dont nous sommes exclus.» Le collectif déclare ignorer tout de la fondation liée à Charlie en cours de création et dont ils aimeraient qu'elle soit «l'émanation d'un projet mûrement réfléchi par l'ensemble du journal». Au-delà de cette question de l'utilisation du nom Charlie, le collectif refuse «que le journal, devenu une proie tentante, fasse l'objet de manipulations politiques et/ou financières» et «qu'une poignée d'individus en prenne le contrôle, total ou partiel, dans le mépris absolu de ceux qui le fabriquent et de ceux qui le soutiennent».

En mars, on apprenait que le collectif du journal avait engagé deux avocats, dont Antoine Comte, qui a notamment défendu Rue89, le Syndicat de la magistrature et Olivier Besancenot. Charlie Hebdo est détenu actuellement à 40% par les parents de Charb, ex-directeur de la publication tué dans l'attaque du 7 janvier, à 40% par le dessinateur Riss, devenu le nouveau directeur du journal, et 20% par Eric Portheault, cogérant.