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Libération
Interview

Radio France : «Il faut que quelqu'un soit adulte dans la maison»

Radio France, la grève et après ?dossier
Fabienne Sintes à la conférence de rentrée 2013 de Radio France à la maison de la radio (Photo Raphael Dautigny)
publié le 2 avril 2015 à 8h28

Fabienne Sintes, présentatrice du 6/9 sur France Info, analyse le conflit qui entre dans sa troisième semaine.

Pourquoi, dans leur grande majorité, les journalistes ne sont pas en grève?

Parce qu’au démarrage, les journalistes ont jugé que les revendications étaient trop confuses et catégorielles pour que ça ait un réel sens, et que le timing n’était pas le bon, même si on savait qu’il y aurait à un moment nécessité de se faire entendre. On est aujourd’hui dans une impasse, or quand on entre dans un conflit, il faut avoir une idée de ce qu’on veut obtenir. Je me tâte encore sur la grève de demain [le SNJ  appelé à une journée d’arrêt de travail vendredi, ndlr]. Une chose est sûre, les préoccupations sont les mêmes. On voit d’ailleurs à quel point on a dérivé vers un débat sur ce que doit être le service public. Et on ne peut pas faire comme si on faisait de la radio depuis 15 jours.

Comment traite-t-on un conflit dans sa propre maison?

Comme des journalistes. Ce matin, on a quelqu'un rue de Valois, au ministère de la Culture, où est attendu Mathieu Gallet. On a suivi de très près la sortie du rapport de la Cour des comptes. On suit le conflit le plus journalistiquement possible, et surtout, on ne lâche jamais le fil de l'explication. D'autant que des conflits sociaux durs, qui durent plus de quinze jours, il n'y en a pas tant que ça. Et les auditeurs le demandent, ça nécessite d'autant plus de clarté.

Comment en sortir?

Il faut que quelqu’un soit adulte dans la maison. Le débat qui est monté, c’est un vrai débat sain. Mais le dialogue social est tellement dégradé qu’on est incapables de se parler les uns aux autres. La question, c’est comment, avec quoi nous, Radio France, on doit faire pour fonctionner sans abdiquer ce que nous sommes, mais sans avoir des œillères. Je ne suis pas sûre que ce soit dans un contexte de grève qu’on puisse en discuter. Que ce soit à la présidence ou au ministère, on a le sentiment que personne n’a envie d’avoir cette conversation. Et ça devient un problème politique. On est tous d’accord pour dire qu’il faut avoir ce débat sur ce que doit être le service public, qu’il faut s’asseoir autour de la table. Mais qui aujourd’hui en est capable? Ça, je ne sais pas.