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Radio France : Gallet à l'heure des auditions

Radio France, la grève et après ?dossier
Intervention devant les députés, comité central d'entreprise écourté faute d'interlocuteurs, grève reconduite, durcissement de ton de Fleur Pellerin : la journée du PDG de Radio France a été bien remplie.
Mathieu Gallet, en avril à la Maison de la radio. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 8 avril 2015 à 18h18

Reconduite sans surprise aujourd'hui pour 24 heures et pour le 22e jour consécutif lors d'une assemblée générale du personnel, la grève à Radio France s'enlise et pousse les politiques à hausser le ton : tandis que la ministre de la Culture Fleur Pellerin a annoncé qu'elle ferait connaître «très rapidement» ses «décisions pour renouer le dialogue social», le CSA appelle dans un communiqué «à la mise en œuvre d'une procédure de résolution des conflits de nature à surmonter la situation de blocage qui se manifeste aujourd'hui». L'heure est donc à la médiation demandée depuis longtemps par les salariés de Radio France.

Ces annonces marquent une journée bien remplie pour Mathieu Gallet. Ce matin, devant les députés de la Commission des affaires culturelles de l'Assemblée,  le PDG de Radio France était invité à défendre son plan pour la radio publique française, que France Inter résume en plusieurs points : réduction de la masse salariale (300 à 380 départs volontaires), arrêt des émissions en grandes ondes, développement de webradios, élargissement des secteurs autorisés à faire de la publicité à l'antenne…

«On est dans un effet de ciseau entre des recettes qui stagnent et des dépenses qui continuent de se développer», a notamment déclaré Mathieu Gallet devant lesdéputés. Et d'ajouter : «L'inquiétude et la colère des grévistes, je la comprends, mais on a aujourd'hui face à nous un grand défi si on ne veut pas que la radio publique décroche de la réalité de la société française, de ses changements culturels et sociologiques». Il a par ailleurs affirmé ne pas avoir eu connaissance des 80 millions d'euros de dotation exceptionnelle évoqués par le député Michel Françaix pour financer la fin du chantier de la Maison de la radio.

Décidé à «ne rien lâcher» sur ses convictions malgré la longueur record de ce mouvement social, le patron de Radio France a martelé que «ce n'est pas la Cour des comptes qui va faire la stratégie de Radio France». En mission séduction face à des parlementaires inquiets, Gallet a enchaîné les belles paroles («On est une radio de l'offre, on est aussi une radio qui doit aller à la rencontre de son public, car un service public qui ne va pas à la rencontre de son public, se pose la question de sa légitimité») sans forcément convaincre les premiers concernés : les salariés de son groupe. «Il n'était pas dans un esprit d'ouverture. On a besoin d'un dialogue social et ce n'est pas en disant "Je ne lâcherai rien" qu'on le fait», juge un syndicaliste, Philippe Ballet (UNSA).

En début d'après-midi, le comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire initialement prévu plus tôt dans la journée a rapidement été suspendu, suite au départ de nombreux interlocuteurs faute d'accord, après une déclaration commune de six organisations syndicales pour qui «les fils du dialogue et de la confiance sont rompus». 

Pour sortir de l’impasse et renouer le dialogue social, la solution d’un médiateur extérieur est donc désormais privilégiée. Le personnel de Radio France l’exigeait depuis longtemps, et Gallet n’a d'ailleurs pas écarté cette piste ce matin lors de son audition devant les députés, comme le montre l’extrait ci-dessous de son audition.

La demande du CSA formulée dans l’après-midi rend désormais cette solution incontournable.