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Libération
À la télé ce soir

«Mon père, ce Ayrault», Elise ou la vraie vie de son père

Documentaire empathique de la fille de Jean-Marc Ayrault sur son Premier ministre de père.
Ayrault, père et fille. (Photo France 3.)
publié le 13 avril 2015 à 14h10

On a retrouvé l’un des grands disparus de la politique française. Viré sans beaucoup de manières de Matignon voici un an, Jean-Marc Ayrault revient en mode mineur, entrebâillant a minima la porte d’une intimité extrêmement protégée. C’est sa fille Elise qui réalise ce documentaire empathique et protecteur, diffusé ce soir sur France 3, à 22 h 25.

Le titre est tout un programme. Mon père, ce Ayrault dit bien la nature d'un projet qui n'a été rendu possible que par capillarité familiale. Ayrault n'a jamais fait commerce de sa vie personnelle. Il n'a jamais posé avec ses deux filles ou avec ses trois petits-enfants. C'est pourquoi il est assez amusant de voir la famille faire les cartons au moment de quitter Matignon et hésiter à jeter la liste du gouvernement, de découvrir la maison nantaise, le camping-car, le potager et Georgette, la mère de Jean-Marc qui collectionne les caricatures de son fils.

Politiquement, Ayrault cingle Montebourg, autant pour ses bravades et ses provocations que pour le fond de ses convictions. Il épargne Valls qu’il aurait toujours vu comme franc du collier même s’il a manœuvré pour l’éjecter de Matignon. Et il continue à s’enferrer dans sa loyauté envers Hollande, même s’il lui reproche de l’avoir empêché de virer Montebourg ou s’il s’irrite de le voir préférer la Bretagne de Le Drian à ses Pays-de-la-Loire, à l’heure du redécoupage des régions.

L’autre sujet intéressant est le rapport père-fille ici mis en scène. Lui est concentré sur l’action, surchargé de responsabilités, avançant sans trop s’occuper de la mousse des commentaires. Elle supporte mal de le voir moqué, critiqué, chahuté. Il s’étonne presque qu’elle en ait souffert. Elle voudrait le réhabiliter, le pousse à revendiquer cette réforme fiscale qu’il n’a pu mener à bien, son goût de l’Europe ou son souci de la concertation.

C’est sans doute Hollande qui a le mieux perçu le besoin de réassurance d’une fille quant aux mérites de son père. Et la lourdeur d’être enfant de politique quand on tape sur l’auteur de vos jours comme à Guignol. Le jour où Hollande a reçu la réalisatrice, sortait le livre de Valérie Trierweiler. Il n’a pas annulé.