Menu
Libération
chronique

VHS mon amour

Tout le monde se souvient de sa dernière séance de cinéma, mais vous rappelez-vous de votre dernière visite au vidéo-club ? Non. Pourtant ces lieux ont été cultes.
Kevin Smith, ici à droite, le réalisateur de Clerks, film culte de la planète VHS. (Photo Miramax. )
publié le 12 mai 2015 à 12h29

Souvent représentés au cinéma – le point culminant étant Clerks de Kevin Smith (1994) qui mettait en scène un employé de vidéo-club pris dans une journée un peu dingue – ils jouissent d'une aura particulière. Leur plus célèbre représentant reste Quentin Tarantino qui y a écrit ses premiers scénarios pendant ses heures de travail.

Lieu de culture ouvert à tous, le vidéo-club n’excluait personne et se transformait en endroit magique où, jusque tard dans la nuit, se côtoyaient des fans de Bergman et de Schwarzenegger, c’était parfois les mêmes. Et puis, on les a vus disparaître les uns après les autres, souvent dans l’indifférence, pour laisser place à un traiteur chinois ou un fleuriste.

Mais en février dernier, le député PS René Rouquet a interpellé la ministre de la Culture, lui demandant «quelles mesures pourraient permettre de préserver ce secteur d'activité qui emploie encore des milliers de personnes ». Parce que oui, il existe encore des vidéo-clubs qui luttent pour survivre, tenus par des passionnés. On peut penser qu'à l'heure du streaming, du téléchargement, de la VOD et des DVD à prix cassés dans les hypermarchés, ils sont une absurdité condamnée à disparaître.

Quelques mesures suffiraient pourtant à les aider, notamment la baisse de leur taxe locative: ils payent entre 60 et 80 euros par DVD, ce qui apparaît aujourd’hui comme une absurdité économique. Fleur Pellerin n’a jamais répondu à la question qui lui était posée à l’Assemblée. Pourtant, avec le retour nostalgique des années 90, la culture VHS connaît un soubresaut.

Le magazine Rockyrama a sorti en novembre dernier un spécial vidéo-club et le site de culture pop Golem13 s'est taillé un gros succès en créant des jaquettes VHS des films et séries les plus récents. Bien-sûr, on ne va pas réouvrir des vidéo-clubs à chaque coin de rue, mais on pourrait éviter leur fermeture des magasins en octroyant aux indépendants un statut proche de celui des ciné-clubs, en tant qu'association qui assure la promotion de la culture cinématographique.