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On a testé la version tabloïd de «l’Equipe»

Le quotidien sportif teste ce mercredi une parution en format réduit, bouleversant soixante-dix ans de pages immenses et impliables.
Au siège de l'Equipe, pour le bouclage du numéro de mercredi. (Photo AFP)
publié le 10 juin 2015 à 17h30
«Lancement réussi»,

souligne le quotidien sportif

l’Equipe

dans un petit espace jauni de la une de son édition du jour. Un compliment pour les footballeuses de l’équipe de France, victorieuses mardi soir des Anglaises lors de leur entrée en lice en Coupe du Monde (1-0). Un clin d’œil, aussi, pour célébrer une première: après soixante-dix ans en grand format,

l’Equipe

a été réduit et servi ce mercredi à la sauce tabloïd, soit 36x28 cm (contre 58x38) Ce passage est provisoire, il sert notamment à provoquer les retours de lecteurs avant un transfert définitif. Au siège du quotidien, on prend son temps. Celui d’une brusque révolution tabloïd est passé depuis longtemps. Elle aurait pu avoir lieu dès 2008, avec l’arrivée de Fabrice Jouhaud à la direction de la rédaction, quelques mois après l’échec d’un Bild à la française sur lequel il planchait. Rejoint en mars par Cyril Linette, ancien chef des sports de Canal+ devenu directeur général, Jouhaud a enfin franchi le pas. Verdict en trois points (subjectif).

Se taper l’affiche? Du passé!

Terminée cette fameuse et immense une qui vous faisait passer pour un malotru suffisant dans les transports en commun, gênant vos voisins plongés en toute modestie dans un Marc Lévy de poche. Les lecteurs de Marseille n'auront plus à s'inquiéter pour leur dignité quand ils l'ouvriront à la plage un jour de mistral. Et que dire de ceux de Berck-sur-Mer? Ils pourront enfin retrouver le plaisir de sortir leur Equipe en extérieur en toute saison, sans pour autant prétendre à participer aux Championnats du monde de cerfs-volants, un des rendez-vous incontournables de cette cité balnéaire.

Du foot, du foot, du foot!

Près de 27 pages consacrées au ballon rond sur 60, le ton est donné. Le football domine encore plus outrageusement le chemin de fer qu'à l'accoutumée, et le passage au tabloïd renforce une tendance actuelle: commenter à fond l'actualité du foot, voire même la créer quand elle semble en berne (ce qui est le cas actuellement). Le découpage du tabloïd, avec une page dévolue à chaque club, au moins pour les gros, ravira le supporter, lui proposant un suivi de son équipe fanion comparable à celui offert dans les titres de PQR. Les dossiers, comme celui sur les Bleus anglé «Notre liste des 23» (pp. 20-21), sont ramassés, précis, et aucun élément superficiel ne sert à finir de remplir, au forceps, ces fameuses double pages de 26000 signes (presque un Marc Lévy!) de l'Equipe classique. Enfin, une rubrique pourrait revenir en force: le mercato, cette friandise qui peut envoyer votre joueur préféré dans le club que vous détestez, voire André-Pierre Gignac en Arabie Saoudite, mais qui ne manque jamais d'alimenter vos discussions avec les copains.

Le budget posters en hausse…

En passant au format tabloïd, l'Equipe va se rapprocher des titres espagnols, type Marca ou As, avec des unes parfois percutantes, parfois moins, comme en ce mercredi où les titreurs ont été bien sages. Surtout, cela sonnera le glas des unes monumentales, ces posters acquis pour une somme modique que vous gardez précieusement à chaque déménagement, qui ont tapissé les murs de votre chambre d'étudiant célibataire, une période qui ne dure pas pour l'éternité, certes, mais quelques années quand même. Il faudra faire sans ces photos magistrales, ces titres massifs qui ne s'encombrent pas de la moindre réserve et résument brutalement votre émotion, cette marque L'Equipe qui pète, et qu'on voit à peine ce mercredi, en haut à gauche… Voilà sans doute l'une des conséquences les plus dramatiques de ce changement. Une autre nous a été révélée par notre kiosquier: le format tabloïd est plus pénible à disposer dans les présentoirs.