Les Feux de l'Amour, ça vous évoque peut-être vaguement un mec moustachu (Victor Newman) et des réminiscences de maladie où vous vous êtes retrouvé scotché devant la télé à 14 heures. Dans ce cas, il vous aura sans doute échappé que les Feux de l'Amour sont à la dramaturgie ce que Einstein est à la physique. Cette série a inventé la relativité.
Ses scénaristes ont décidé de refuser le diktat de la cohérence, ils ont créé un univers où les règles de base du scénario sont nulles et non avenues et où écrire un soap grand public sous l'emprise évidente de drogue est une bonne idée. Chez eux, un personnage mort peut tout à fait réapparaître, quand un acteur démissionne on se contente de l'attribuer à un nouvel acteur et quand Victor Newman subit non pas une mais deux vasectomies, il peut encore avoir des enfants. Autre règle importante dans cet univers parallèle : une intrigue ne doit jamais être résolue, elle continue à se développer pendant une quarantaine d'années.
Tout ça pour vous dire que les Feux de l'Amour, avec ses 100 millions de téléspectateurs en moyenne dans le monde depuis quarante-deux ans, est l'une des séries les plus originales, un hommage à la création sous cristal meth, au chamanisme narratif.