«Quand on veut me rencontrer, il suffit de prendre son téléphone et de m'appeler.» La réponse était aussi cinglante que le ton utilisé. Invitée mercredi matin par France Culture, Fleur Pellerin n'a pas cherché à cacher le différend qui l'oppose à Mathieu Gallet, le patron de Radio France, dans le règlement de la crise que vit depuis plusieurs mois la Maison de la radio. Et on ne voit pas comment les choses peuvent s'arranger quand cet antagonisme est affiché sur la place publique par les deux parties. Le déclencheur de cette nouvelle passe d'armes : une interview donnée au Monde par Mathieu Gallet à l'orée d'une nouvelle rencontre avec les syndicats, dans laquelle il se plaint d'un manque de communication avec la tutelle. La ministre a dû apprécier, vu la violence de sa réponse mercredi.
Plus grave, la querelle touche au fond, sur la manière de remettre au carré la Maison ronde. Mathieu Gallet vient de présenter un projet qui consiste notamment en un plan de départs volontaires de 350 personnes. Avec un objectif martelé d'un retour à l'équilibre en 2017. Profitant de son passage à France Culture, Fleur Pellerin lui a bien torpillé son message : «L'emploi n'est pas la seule variable d'ajustement. […] Et 2017 n'est pas une injonction mais un horizon, ce n'est pas une date butoir.» Quant au cabinet d'experts nommé par les élus du personnel, il a estimé que ce plan de départs «n'est pas inéluctable si le retour à l'équilibre est reporté à 2018». Devant tant de «soutien», Mathieu Gallet s'est déjà dit prêt à rediscuter son plan.
«Je veux que nous puissions travailler ensemble», a assuré Fleur Pellerin au micro de France Culture. A Radio France, où on regarde passer les balles, on ne demande qu'à voir. Conseil amical aux deux belligérants : la prochaine fois que la ministre vient en interview à la Maison de la radio, profitez-en pour vous parler. En face.