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Libération
édito

Quand Google se prend un petit coup de vieux

Après Wave et Buzz, Google s'est à nouveau pris les pieds dans le tapis du «social» avec Google+. De quoi les conforter dans l'idée qu'il vaut mieux acheter l'innovation chez les autres que la créer soi-même.
Dans les bureaux de Google, à Toronto. (Photo Mark Blinch. Reuters)
publié le 28 juillet 2015 à 16h47

En annonçant lundi la petite mort de Google+, son réseau social créé il y a quatre ans, Google a pris un petit coup de vieux. «+» ne sera pas le premier service fermé par l'entreprise californienne. Loin de là. Qui se souvient de Wave, ou de Buzz ?

Ce nouvel échec remet au goût du jour la rengaine de «l'innovation, ça ne se décrète pas». Quand il s'agit d'entreprises du vieux monde (la presse, les taxis, etc.) qui souffrent à passer la frontière, on se dit d'un air entendu que la «disruption» est le fait de nouveaux acteurs, les seuls capables d'imposer la culture du renversement de table nécessaire à créer les nouveaux usages. Mais quand il s'agit de Google, premier de cordée des Gafa (avec Apple, Facebook et Amazon), on se dit alors que l'innovation n'attend pas le nombre des années. Il est vrai que les années Internet se comptent en années de chien ; après tout, le «c'était mieux avant» ne date que de 2009.

Revenons à Google. Rattraper un concurrent quand on n'a pas la culture du «social network» nécessite de rompre avec sa propre culture. Possible, mais pas simple quand on a soi-même inventé un nouveau monde. Il est sans doute préférable de racheter une jeune pousse en phase avec son époque, son but, son modèle. Google est plutôt bon à ce jeu-là, surtout que son compte en banque plus que garni lui permet de taper large. De YouTube à Boston Dynamics, Google, né moteur de recherches et grandi régie publicitaire, suit un autre adage de notre époque : «Tu vieillis, tu ralentis et tu meurs. Sauf si tu injectes du sang frais». Who's next ?