«Il y a dix ans, on disait que l'info gratuite ne pourrait pas marcher. Aujourd'hui, il y a trop de chaînes d'info», a dénoncé Alain Weill, lors de sa conférence de rentrée, mercredi. Qualifiant la création d'une nouvelle chaîne d'info en continu par Radio France et France Télévisions de «sujet grave», le dirigeant de Nextradio TV a martelé : «Ce projet est fou ! Lancer une nouvelle chaîne d'info, c'est une folie ! S'il y a quatre chaînes d'info, ça ne passera pas ! Les chaînes seront toutes pauvres, on fera moins de terrain, moins de reportage ! Personne n'en sortira indemne.»
Se posant en grand défenseur de l'«intérêt du public», il a affirmé «faire totalement confiance au CSA», rappelant le refus du gendarme de l'audiovisuel de faire passer LCI en chaîne gratuite en juillet 2014 : «Les spectateurs seront perdants. J'en appelle au CSA qui doit faire exécuter la loi de 1986 [relative à la liberté de communication, ndlr]. J'ai entièrement confiance en sa fonction de régulateur. Il avait d'ailleurs déjà affirmé qu'il n'y avait pas de place pour une nouvelle chaîne d'information». Pour autant, le patron de NextradioTV n'envisage pas de saisir la justice.
La nouvelle patronne de France Télévisions met justement en avant le côté anti-BFM TV de la future chaîne publique d'info en continu, souhaitant miser sur le «décryptage» et la «compréhension de l'information», en opposition au flot d'information brute diffusée à un rythme effréné par une chaîne comme BFM TV. «Il faut sur une chaîne d'info publique, une ligne éditoriale avec des clés de compréhension, des points de vue différents, regagner en crédibilité, donner du sens», estime-t-elle.
Etre leader sur l’info en ligne
Alain Weill est également revenu sur son partenariat avec Patrick Drahi (actionnaire de Libération). Détenue à 49 % par ce dernier et à 51% par Alain Weill, la société découlant de leur alliance a pour mot d'ordre la «convergence». «Il y a deux types de convergences : la convergence entre les médias et la convergence entre médias et télécoms. En s'associant à Altice, on tend vers ce type de convergence». Car le patron de Nextradio TV est convaincu qu'«avec la montée en puissance du mobile, l'avenir de l'audiovisuel passera par les télécoms».
Weill a ensuite précisé qu'une partie du groupe Altice serait intégrée à cette nouvelle société : «Avec Patrick Drahi, on déterminera quel média print intégrera ce nouveau groupe». Il s'est voulu rassurant en déclarant : «Libération et l'Express sont nos priorités. Ils doivent continuer à exister».
En ce qui concerne sa stratégie Internet, le groupe ambitionne de «faire aussi partie des leaders sur l'info. BFM TV, c'est la marque de l'info en continu, donc elle est totalement légitime sur le mobile et sur Internet. On travaille beaucoup aujourd'hui pour améliorer notre contenu et pour monter sur le podium». Un objectif qu'Alain Weill compte atteindre d'ici à 2016. «On élargit les équipes, on renforce le management, on met plus de moyens, on fait des acquisitions, encore plus de vidéos, on est leader sur la vidéo, ce qui est évidemment un très bon signe pour l'avenir.»
En outre, dans un futur proche, le patron de Nextradio TV n'écarte pas la possibilité d'un programme payant premium, «même s'il est trop tôt pour donner une date. L'idée, c'est que les opérateurs proposent des programmes de qualité : on veut viser le plus d'abonnés et on veut proposer la TV par l'ADSL».