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Libération
EDITORIAL

Leviers

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publié le 19 septembre 2008 à 12h55

Pour ceux qui ne veulent pas voir la crise en face, il existe une bonne façon de se raconter des histoires : regarder les cours de Bourse et se dire que finalement ils ne chutent pas trop. En oubliant que les banques centrales ne cessent d’injecter des liquidités pour soutenir les marchés, que la Fed perfuse des milliards dans le système financier et que les banques se préparent à dévaluer dans leurs comptes leurs engagements à risque.

Oui, la crise est là. Oui, elle est profonde parce qu’elle a des racines profondes.

D’abord la folie de crédit des années 2002-2006, qui a vu les Américains et leurs financiers empiler les dettes au-delà de toute raison. Ensuite la multiplication désordonnée de produits financiers nouveaux de plus en plus sophistiqués, risqués, entièrement fondés sur la recherche de profits à court terme et non la création durable de valeur. Le système bancaire mondial paye aujourd’hui ces errances. Et n’a pas fini de le faire.

Rappelons que la fonction d’une banque (au sens large) est de fabriquer des crédits à partir de fonds propres structurellement plus faibles en valeur. C’est le fameux effet de levier. Son corollaire, son fondement, est la confiance entre prêteurs et emprunteurs, banques ou particuliers. Or, cette confiance n’existe plus. D’où les interventions répétées des banques centrales pour apporter des fonds à des marchés bloqués. Cela coûte cher. Il faudra le payer, et parce que nous entrons dans une phase de ralentissement économique, ce coût sera