Il n'y a pas que chez Les Républicains que la question de l'avortement provoque des remous. La députée FN Marion Maréchal-Le Pen s'est attirée un prompt recadrage de Marine Le Pen, lundi, en proposant de «revenir sur le remboursement intégral et illimité de l'avortement». Des propos tenus dans le quotidien traditionnaliste Présent, et peu en ligne avec les orientations actuelles du Front national. «Il n'y aura aucune modification, ni du périmètre, ni de l'accès, ni du remboursement de l'IVG», a réagi Marine Le Pen auprès du Monde et de l'AFP, sitôt connus les propos de sa nièce.
Ce n'est pas la première fois que les deux femmes se trouvent en désaccord sur le sujet. Durant sa campagne régionale en Paca, en décembre dernier, Marion Maréchal-Le Pen avait déjà proposé de retirer les subventions régionales aux «associations politisées, dont les plannings familiaux», qui «véhiculent une banalisation de l'avortement». Cette déclaration avait été rapidement désavouée par Marine Le Pen : «Ce n'est pas dans les projets du Front national», avait répliqué la candidate du Front national. Le 1er mai 2016, celle-ci avait explicitement approuvé une déclaration de l'eurodéputée FN Sophie Montel, défendant «le droit de la femme à disposer de son corps». Cette ligne doit prolonger la dédiabolisation du parti d'extrême droite, et achever de résorber l'écart entre hommes et femmes chez les électeurs frontistes.
En 2012, c'est pourtant une position très proche de celle de sa nièce que défendait Marine Le Pen : en pleine campagne présidentielle, la candidate frontiste avait condamné à plusieurs reprises les «avortements de confort», et proposé de les dérembourser en cas de besoins budgétaires. Tout en se disant_ «attachée à ce droit», Marine Le Pen avait dénoncé «des dérives et des abus» : «Est-ce qu'il y a des sujets tabous dans notre pays ?, avait questionné la candidate lors d'une intervention à Sciences po. _On a le sentiment qu'on ne peut pas en parler». Un sentiment auquel souscrit sans doute aujourd'hui Marion Maréchal-Le Pen.