Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tient ce mercredi son très couru dîner annuel, rendez-vous sans équivalent par son pouvoir d'attraction de responsables politiques, ambassadeurs, dignitaires religieux... Parmi les 700 personnes attendues dans un grand hôtel parisien, le chef de l'Etat François Hollande, mais aussi les présidents de l'Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Gérard Larcher, ainsi que de nombreux ministres, qui ont répondu favorablement à l'invitation du président du Crif Francis Kalifat. Année présidentielle oblige, au moins trois candidats déclarés ont également annoncé leur venue : François Fillon, Emmanuel Macron et Benoît Hamon.
Souvent critiques à l'égard de l'institution, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, eux, ne se rendront pas à son 32e dîner. Pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont - encore une fois - pas été invités. «Tous les deux véhiculent la haine. D'un côté, à l'extrême droite, c'est la haine de l'autre et le rejet de l'étranger. Et à l'extrême gauche, c'est la haine d'Israël et la déligitimation d'Israël, donc je crois qu'ils n'ont pas leur place dans ce dîner», a justifié ce matin sur RTL Francis Kalifat, qui a pris la tête du Crif en mai dernier. Des déclarations pas anodines, alors que la candidate du Front national caracole en tête des sondages en vue du premier tour, et alors qu'il y a deux ans, son prédécesseur à la tête du Crif, Roger Cukierman, avait créé la polémique en qualifiant Marine Le Pen de «personnellement irréprochable» à la tête d'un parti «pas fréquentable».
«Autour du FN, on doit maintenir le cordon sanitaire, ne pas faire sauter le verrou moral», a encore expliqué Francis Kalifat à l'AFP, alors que le Crif a condamné la récente rencontre à Jérusalem entre des responsables frontistes, dont Nicolas Bay, secrétaire général du parti d'extrême droite, et «un groupuscule au nom pompeux», la Confédération des Juifs de France et amis d'Israël. Un déplacement au déroulement énigmatique mais toutefois inédit pour un parti longtemps ostracisé en Israël en raison des déclarations à caractère antisémite de son ancien président, Jean-Marie Le Pen. Et alors que le FN se dit aujourd'hui soucieux de «nouer ou renforcer des contacts dans un pays ami, et peut-être aussi lever des incompréhensions ou des malentendus», dixit Nicolas Bay.