D'ores et déjà munie de 577 signatures d'élus, Marine Le Pen est assurée de pouvoir prendre part à la prochaine présidentielle. La candidate du Front national s'offre donc le luxe d'un geste généreux — et, en réalité, d'un beau coup tactique. Députée européenne et conseillère régionale des Hauts-de-France, Marine Le Pen est elle-même en situation de parrainer un aspirant candidat. Dans un court article publié mardi sur son site de campagne, la frontiste annonce avoir jeté son dévolu sur le député LR Henri Guaino, souverainiste farouche et régulier critique du candidat de son camp, François Fillon.
Pour l'heure crédité de douze parrainages, l'homme n'a aucune chance de prendre part au scrutin et d'y faire concurrence à Marine Le Pen. Pour cette dernière, le risque est donc nul, et le bénéfice attendu triple : le geste associe une marque de respect envers un «petit candidat»;une ouverture qui paraît contredire le «sectarisme» toujours associé à la frontiste dans les enquêtes d'opinion; un clin d'oeil à une droite conservatrice, souverainiste et sociale que ne séduirait pas François Fillon. Ce n'est pas d'ailleurs par la première fois que Marine Le Pen se montre prévenante envers Henri Guaino, appelé avec «tous les patriotes» à sauter le pas et à rejoindre le camp mariniste. Un appel toutefois peu suivi d'effets à ce jour.
Autre cible de cette stratégie : Nicolas Dupont-Aignan, dont le Journal du Dimanche affirme qu'il aurait récemment dîné avec Marine Le Pen, «afin de mieux se connaître». Rencontre cependant démentie par les deux personnalités auprès de l'AFP.