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Justice

Face aux affaires, Marine Le Pen perd son calme

La présidente du FN, cernée par les juges, veut poursuivre l'AFP après un article sur de supposées irrégularités commises par son mouvement.
Marine Le Pen le 10 juillet à l'Assemblée nationale. (Photo Bertrand Guay. AFP)
publié le 11 juillet 2017 à 11h15

«Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi.» Suite à un article de l'AFP sur les affaires judiciaires menaçant le FN, Marine Le Pen a annoncé mardi son intention de poursuivre en justice et l'agence, et l'auteur, accusés de propager des «ragots diffamatoires».

Intitulé «Au FN, une refondation sous menace judiciaire», l'article s'attarde principalement sur le l'affaire dite «Jeanne» : le parti et plusieurs de ses cadres et prestataires, entre autres, sont soupçonnés d'avoir mis sur pied une vaste escroquerie au détriment du contribuable. Les juges soupçonnent la surfacturation d'outils de campagne vendus aux candidats du FN, puis réglés par l'Etat via le remboursement des frais de campagne. Au total, dix personnes physiques et morales ont été renvoyés en correctionnelle en octobre 2016. Le parti conteste actuellement ce renvoi par un pourvoi en cassation. Dans les prochains mois, «il y aura du bleu marine à tous les étages, mais version police, et la direction sera décimée», juge un soutien de l'ancienne députée Marion Maréchal-Le Pen.

«Il faudra être clairs»

Parmi les protagonistes du dossier, deux prestataires à la réputation sulfureuse : Frédéric Chatillon et Axel Loustau, militants d'extrême droite reconvertis dans la communication et amis personnels de Marine Le Pen. L'hostilité envers ces deux personnages semble être l'un des rares points communs entre les partisans de Florian Philippot et beaucoup de leurs adversaires. Si certains s'en tiennent à critiquer le système centralisé qui leur a été délégué, d'autres jugent leur profil dangereux pour le parti. Et ne comprennent pas pourquoi l'ancienne championne de la «dédiabolisation» conserve sa confiance aux deux complices, soupçonnés de n'avoir rien renié d'un virulent antisémitisme.

«Le système des "kits de campagne" a sans doute montré ses limites lors des législatives, jugeait récemment l'eurodéputée Sophie Montel, proche du vice-président. Au niveau des prestataires, ce serait normal d'avoir un imprimeur local plus qu'un système centralisé.» Un proche de l'élue a récemment été suspendu du parti après une discussion houleuse avec Axel Loustau, jugé techniquement défaillant lors de la dernière campagne. «Dans le cadre de la refondation du FN, il faudra aussi être clairs sur les prestataires, estime quant à lui l'ex-député UMP Jérôme Rivière, récemment rallié au FN. Pour se désenclaver, il ne faut pas seulement être comme les autres : il faut faire mieux que les autres.» Quant à Louis Aliot, député FN et compagnon de Marine Le Pen, il ne cache pas son aversion envers Loustau et Chatillon : «Ces gens ne sont pas au bureau politique du FN, déclarait-il récemment à Libération. S'ils y étaient, je me poserais la question d'y rester.»