Jean Messiha, ex-candidat FN aux législatives et ancien «Monsieur programme» de Marine le Pen, ne sera finalement pas chroniqueur dans l’émission de Christophe Hondelatte «Hondelatte raconte», sur Europe 1. Après plusieurs jours de controverse, la rédaction de l’antenne a finalement décidé d’écarter l’énarque frontiste.
L'homme n'a pas tardé à dénoncer un acte de «censure», emboîtant le pas à la présidente du Front national, Marine Le Pen, dans la même veine. De source interne au parti d'extrême droite, on sait pourtant que l'ex candidate à la présidentielle ne voyait pas d'un bon œil l'arrivée potentielle d'un frontiste habitué aux dérapages sur une antenne nationale.
. @hondelatte m'informe que @Europe1 m'écarte pour avoir traité le Bondy Blog d'antisémite. #mehdimeklat. On croit rêver !#E1censureMessiha
— Jean MESSIHA (@JeanMessiha) August 29, 2017
.@JeanMessiha interdit d'Europe 1 : la presse a visiblement un problème avec le pluralisme que suppose la démocratie. MLP #E1CensureMessiha
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) August 29, 2017
Mais sa réaction fait également référence aux récentes annonces de collaborations entre d’anciennes personnalités politiques de premier plan et des médias : l’ancienne ministre Aurélie Filippetti et l’ancien conseiller en communication de l’Elysée Gaspard Gantzer sur RTL, l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin sur France 2, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino sur Sud Radio…
Dimanche, la participation de Jean Messiha à l'émission ne semblait pas encore remise en cause. Elle lui aurait même été confirmée par Christophe Hondelatte, affirme Jean Messiah. Mais, parallèlement, cela faisait déjà quelques jours que sa probable arrivée sur les ondes de la station suscitait l'indignation. Sur les réseaux sociaux, où les réactions se sont multipliées une fois l'information publique. Mais aussi au sein d'Europe 1 : le nom de Jean Messiah «n'avait pas été annoncé en interne, et on était vraiment dans les préparatifs d'une nouvelle grille, donc on ne l'a pas vu apparaître tout de suite. J'ai vu ce qui se passait sur les réseaux sociaux, j'ai remonté les tweets de Jean Messiah, et dans la rédaction, on en est arrivé à la conclusion que c'était pas possible», raconte à Libération Jean-Philippe Balasse, le président de la Société des Rédacteurs d'Europe 1. «Pour nous, le problème, c'est pas le FN, il a toujours été invité sur Europe 1, c'est la démocratie. Le problème, c'est Jean Messiha et certains messages sur les musulmans, les insultes qu'il a pu proférer, qui ne sont pas envisageables sur une antenne comme celle d'Europe 1.»
La Société des rédacteurs de la station a parallèlement été saisie lundi par les journalistes inquiets. Dès le lendemain, la direction a confirmé que Jean Messiha ne serait pas un chroniqueur de l'émission. La rédaction nie d'ailleurs avoir été au courant des intentions précises de Christophe Hondelatte. A l'AFP, le vice-PDG de la radio, Frédéric Schlesinger, explique : «C'est un quiproquo. Il avait été question qu'il fasse partie d'un groupe d'invités récurrents». Après quelques recherches sur Jean Messiha, notamment sur les réseaux sociaux, «j'ai décidé qu'il ne serait pas invité».
C'est par un article de BuzzFeed que Jean Messiah a appris son éviction, avant de recevoir, tard dans la soirée, un message d'explication de la part d'Hondelatte : la rédaction aurait pris cette décision à cause d'un tweet à propos du Bondy Blog. De son côté, Jean Messiha n'hésite pas à y voir une décision prise «sous la pression d'un lobby idéologique majoritaire chez les journalistes, qui n'hésitent pas à interdire de parole quelqu'un qui représente le tiers du corps électoral.»