Elle a tenté tout l'été de faire infléchir Marine Le Pen, lui écrivant à plusieurs reprises pour l'«appeler à la raison» et demander le rétablissement de ses attributions. Mais ses courriers sont restés lettre morte : Sophie Montel ne récupérera pas la présidence du groupe FN en Bourgogne-Franche-Comté, qu'elle a perdue fin juin par décision de la dirigeante frontiste.
Le parti d'extrême droite a entériné ce week-end la sanction de cette historique du Front en annonçant la venue jeudi prochain (le 7 septembre) à Dijon du secrétaire général du FN, Nicolas Bay, pour finaliser le changement de présidence et tourner définitivement la page du groupe Montel dans la région. Nicolas Bay réunira ce jour-là les seize élus (sur vingt-quatre) qui ont poussé peu après les législatives à la «destitution» de la députée européenne. Un nouveau groupe avait été déposé le 30 juin par le doyen des conseillers régionaux FN en Bourgogne-Franche-Comté, Marcel Stéphan. Mais c'est Julien Odoul, proche de Marine Le Pen, qui devrait prendre la présidence du groupe, pour succéder à Sophie Montel. «La direction du FN m'a demandé de présider ce groupe et j'ai accepté», a confirmé Odoul à Libération, il y a plusieurs semaines.
Membre du bureau politique du FN et fidèle alliée de Florian Philippot, Sophie Montel avait exaspéré Marine Le Pen par des interventions publiques vues comme des provocations, notamment au sujet de la ligne du parti sur l’immigration. A plusieurs reprises, la dirigeante du parti d’extrême droite avait dénoncé les sorties récurrentes et accrochages sur Twitter de la présidente de Les Patriotes, l’association créée en pleine campagne pour les législatives par Florian Philippot.
A Libération, Montel a dénoncé une décision «injuste» : «je ne méritais pas ce qui m'est tombé sur le coin du nez». «Je suis dans le collimateur de Marine Le Pen, mais on n'a rien à me reprocher, tout cela me parait abracadabrantesque», a ensuite réagi dimanche Sophie Montel, au micro de France 3, évoquant «une rediabolisation du FN». Elle a dit ceci : «Il y a des clans à l'intérieur du FN, il y a le clan Aliot-Bay-Bilde, ces gens veulent l'union des droites, ce n'est plus le "ni droite ni gauche", or moi je me suis toujours battue pour le "ni droite ni gauche" [une ligne défendue par Florian Philippot, ndlr]».
Ce à quoi Louis Aliot, vice-président du Front national, a répondu (à un journaliste du Monde) : «C'est une diva qui se prend pour une reine-mère depuis qu'elle est élue au Parlement européen. Ses états d'âme me laissent de marbre [...] Elle a rompu le contrat moral avec la direction [...]. Elle a toute sa place, mais qu'elle me foute la paix».
Les plus proches de Sophie Montel ont eux dénoncé une décision jugée pour eux «dévastatrice» pour la région. L'un d'eux, Julien Acard, un ex-conseiller régional FN suspendu du parti depuis juin, n'a pas attendu l'éventuelle décision de la commission de discipline du Front le concernant pour annoncer sa démission du parti. Dans le nouveau groupe, «qui manque de légitimité», «personne ne se détache du lot, c'est surtout l'incompétence qui prévaut», persifle encore sous couvert d'anonymat un élu, qui lui siégera désormais parmi les sept non-inscrits à la région Bourgogne-Franche-Comté. Le prochain conseil doit avoir lieu le 4 octobre prochain.