En plein «refondation» politique après le double échec de la dernière séquence électorale, le Front national va perdre l'une des dix villes qu'il dirige. Car le maire de Cogolin, Marc-Etienne Lansade, quitte le parti d'extrême droite. L'édile l'a annoncé au quotidien local Var Matin, dans une interview à paraître samedi. «Je suis en désaccord profond avec la ligne du [parti] qui a changé, moi je n'ai pas changé. Je ne souhaite pas cautionner des propositions économiques et sociales qui vont dans le mauvais sens», a justifié ce proche de Marion Maréchal-Le Pen à France 3 PACA. A Libération, il précise : «les 35 heures, la retraite à 60 ans et la sortie de l'euro ce n'est pas ma tasse de thé».
Élu à la surprise générale lors des municipales de 2014, Marc-Etienne Lansade ne cachait pas ces derniers mois son découragement vis-à-vis du Front. En privé, l'homme racontait ses difficultés à assumer localement l'étiquette FN, qui lui avait pourtant permis de prendre cette commune du Var à la faveur d'un parachutage. Mais l'homme n'a jamais reçu du Front la reconnaissance qu'il attendait.
À lire aussiCogolin : mairie FN, moteur à implosion
Quitter le parti va me «rendre ma vie», précise aujourd'hui à Libération Marc-Etienne Lansade. «Le fait d'appartenir au FN génère de la part du système politico-médiatique une mise à l'index et une violence terrifiante. Je ne suis plus prêt à ce sacrifice pour un parti dans lequel je ne me reconnais plus», dit-il. L'argument donné, il est aussi possible que l'ancien entrepreneur ait agi pour garder la tête de Cogolin : l'homme se sait en sursis depuis la démission de huit de ses conseillers municipaux depuis 2014. Mais Marc-Etienne Lansade réfute la stratégie qu'on lui prête : «cette décision me fragilise plutôt auprès des "ultras Front" qui sont encore au conseil municipal». Deux départs supplémentaires pourraient entraîner de nouvelles élections, les élus de l'opposition s'étant déjà «engagés» à démissionner à leur tour pour provoquer la chose.