L'administration fiscale réclame 1,8 million d'euros au microparti à vocation financière de Marine Le Pen, Jeanne, ce que conteste celui-ci, révèle mercredi le Canard enchaîné. L'hebdomadaire affirme que l'association «loi 1901» «se voit réclamer, pour 2012, un impôt sur les sociétés d'un montant de 88 134 euros [auquel s'ajoutent 20 094 euros de pénalités de retard], mais l'Etat exige également 1 374 252 euros au titre des impayés de TVA [plus 334 317 euros de pénalités]» car Jeanne «était tout sauf une structure à but non lucratif» et «s'est comportée comme une petite entreprise aux intérêts hautement commerciaux» via des prestations facturées aux candidats FN aux législatives de 2012. Tout ceci sans jamais rien déclarer aux impôts, affirme encore le Canard, citant un rapport de la Direction nationale des vérifications de situations fiscales (DNVSF).
Axel Loustau, trésorier de Jeanne, mis en examen à ce titre dans l'enquête sur l'affaire du même nom sur le financement des campagnes FN de 2012, a confirmé le montant du redressement à l'AFP. Une demande selon lui «dingue», car «appuyée sur la procédure pénale».
Dans celle-ci, les magistrats soupçonnent les responsables de Jeanne, dont Axel Loustau et Frédéric Chatillon, lui aussi mis en examen dans cette affaire, d'avoir mis en place un système frauduleux visant à standardiser la communication de ses candidats et à financer illégalement leurs campagnes. Pendant les législatives 2012, le Front national aurait rendu obligatoire l'achat d'un kit de campagne produit par la société Riwal, appartenant au même Chatillon, pour la somme - que les juges estiment surévaluée au bénéfice de Riwal - de 16 650 euros. Jeanne offrait alors aux candidats n'ayant pas les moyens de se payer les fameux kits de leur avancer la somme nécessaire à l'achat grâce à un prêt à un taux de 6,5 %. Le tout au détriment de l'Etat, puisque, en bout de chaîne, ce dernier remboursait les dépenses de campagne des candidats ayant réalisé au moins 5 % des voix. La justice évalue ce détournement à 10 millions d'euros.
«Jeanne fonctionnait comme une simple caisse enregistreuse. Dotée des mêmes locaux, des mêmes ordinateurs, du même trésorier et du même comptable, Riwal fournissait tous les services en échange de la 'clientèle' des candidats et du carnet d'adresses apportés par Jeanne», écrit encore le Canard enchaîné, avant d'ajouter, citant toujours le fisc, que Chatillon n'était pas seulement «le proprio (à 70%) de Riwal», mais également «président de fait» du microparti Jeanne.