«She's back !» Le titre de l'Incorrect, magazine lancé en septembre par des proches de Marion Maréchal-Le Pen, survend un peu l'événement. Mais démontre l'enthousiasme qu'il procure chez les partisans de l'ancienne députée frontiste. La jeune femme, 28 ans, qui a quitté la vie politique après la dernière présidentielle et la débâcle du FN, est annoncée jeudi à Washington à la CPAC, pour Conservative Political Action Conference, le raout annuel des conservateurs américains. Donald Trump sera présent. Marion Maréchal-Le Pen, nièce de Marine Le Pen, doit intervenir après le vice-président américain, Mike Pence.
Elle fera un discours appelant à «nouer un conservatisme des deux rives», dit l'Incorrect. Cela ne veut pas dire grand-chose, mais symboliquement, ça compte : le rendez-vous intervient à quelques semaines du congrès «refondateur» de l'ancien parti de Marion Maréchal-Le Pen. De quoi faire bisquer un peu sa dirigeante de tante, qui avait rencontré les pires difficultés lors d'un voyage à New York, en janvier 2017, pour créer des liens avec les républicains. A l'époque, on avait vu Marine Le Pen buvant un café au rez-de-chaussée de la Trump Tower, où résidait Donald Trump, pas encore à la Maison Blanche, en compagnie d'un intermédiaire, dans ce qui ressemblait à une tentative avortée de rencontrer l'homme d'affaires.
«Alignement des planètes»
Un an plus tard, presque jour pour jour, Marion Maréchal-Le Pen, elle, est non seulement invitée aux Etats-Unis, mais accueillie avec les honneurs des Républicains. Selon l'Obs, c'est Sarah Palin, binôme de McCain en 2008 et égérie du Tea Party, qui aurait rendu la chose possible. Elle aurait dit, au sujet de Maréchal-Le Pen, «elle est formidable cette jeune femme, il faut qu'on l'invite», conte à l'hebdo Arnaud Stephan, directeur de la communication de l'Incorrect. Selon le bras droit de l'ex-députée FN, les Américains auraient remarqué depuis longtemps «cette jeune femme intelligente, qui passe super bien à la télévision, qui tient la dragée haute à ses opposants politiques, et qu'à un âge pareil, waouh !»
Selon lui, Marion Maréchal-Le Pen avait déjà été invitée au CPAC l'année dernière, mais avait refusé car, députée, et alors que sa tante était en campagne pour la présidentielle, elle ne voulait pas «qu'on croit qu'elle la joue perso». Cette fois, elle aurait accepté grâce à un «alignement des planètes et des agendas». Les orphelins frontistes qui l'imaginent comme la seule à même de réunir la droite identitaire et l'extrême droite française peuvent-ils toutefois y voir un peu plus ? «Non, il ne faut rien voir de plus dans son apparition», tempère Stephan. «Marion Maréchal-Le Pen n'est candidate à rien, elle n'a quitté la vie politique qu'il y a six mois. Si elle revient, elle prendra son temps, elle observera». Bref, «she's back», mais pas tout de suite.