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Front national

Un cadre du FN suspendu après des injures racistes

«Espèce de nègre de merde», «sale Africain», «singe»… Dimanche, Davy Rodriguez le numéro 2 du Front national de la jeunesse a été écarté du Congrès du parti frontiste après la diffusion d'une vidéo dans laquelle il semble tenir ces propos racistes.
Capture d'écran de la vidéo dans laquelle Davy Rodriguez tiendrait des propos racistes.
publié le 11 mars 2018 à 16h19

En tant qu'«ambassadeur de Marine Le Pen pour la refondation» du parti, il aurait dû être au cœur du XVIe congrès du Front national, ce week-end, à Lille. Mais Davy Rodriguez, assistant parlementaire du député frontiste du Nord, Sébastien Chenu, et numéro 2 du Front national de la jeunesse (FNJ), a été écarté de l'événement ce dimanche. Accusé d'avoir tenu des propos racistes à Lille, en marge du congrès, le jeune homme a aussi été suspendu à titre conservatoire par Sébastien Chenu. Une décision approuvée par Marine Le Pen, selon ce dernier, cité par l'AFP.

«Marine, elle aimerait te voir comme ça ?»

Les faits qui lui sont reprochés se sont produits vers deux heures du matin dans la nuit de vendredi à samedi, à la sortie d'un bar de nuit de la ville, La Plage, où plusieurs jeunes frontistes faisaient la fête à la veille de l'ouverture du congrès. Alcoolisé, agressif et violent, selon des témoins interrogés par Libération, Davy Rodriguez se serait emporté après avoir été sorti du bar par un videur. Dans une vidéo non datée qui tourne depuis sur les réseaux sociaux, on l'aperçoit, visiblement agité. Il semble alors prononcer «espèce de nègre de merde» à l'adresse d'une tierce personne, qui pourrait être le videur avec qui il venait d'avoir une altercation. Des proches tentent alors de le raisonner, en faisant référence à la présidente du Front national : «Mais calme-toi, Davy, tu n'as aucun intérêt à t'énerver ! Tu crois que Marine elle aimerait te voir comme ça ?»

Une version que Davy Rodriguez réfute. Interrogé ce dimanche par le site BuzzFeed, qui a dévoilé cette affaire, il dénonce une vidéo qui serait «un pur montage» et une «cabale politique». Sur son compte Twitter, le jeune frontiste, passé par le Front de gauche (il avait fait la campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2012), avant de cofonder le FN de Sciences-Po Paris en 2015, «nie formellement avoir tenu les propos racistes qui [lui] sont prêtés.»

Commission de discipline

Pourtant, cité par Buzzfeed, un témoin de la scène, membre du FN, confirme avoir clairement entendu l'insulte raciste. De plus, toujours selon le site, qui a interrogé le vigile, victime potentielle des insultes, Davy Rodriguez lui aurait également dit «sale Africain, rentre chez toi en Afrique, singe, tu n'as rien à foutre ici !»  Des propos qu'il nous a été impossible, dimanche, de recouper, ne pouvant contacter l'homme en question.

Selon une source au Front national, Davy Rodriguez aurait été renvoyé à Paris dimanche, alors que la polémique enflait. Il devrait passer en commission de discipline lundi. Interrogé par le Parisien, le député Sébastien Chenu explique que la suspension à l'encontre de son assistant parlementaire doit permettre de «faire la lumière» sur des faits.  «Mon assistant conteste et je lui en fais crédit, condamnant moi-même ce type de propos», a-t-il expliqué, parlant même, devant des journalistes, de «traquenard».

«D’autres choses à gérer»

Même discours de Gaëtan Dussausaye, à la tête du FNJ, interrogé par le Huffington Post, qui met en doute la véracité de l'affaire : «Ça me surprend, ce n'est pas comme ça que je connais Davy. Pour le moment, on a d'autres choses à gérer durant ce congrès.» Là où, en revanche, Gilbert Collard, le député FN du Gard, se montre plus prudent, se disant «malade» des propos tenus par Rodriguez, auprès du JDD. Et demandant par ailleurs des «sanctions fermes».

L'affaire fait en tout cas tâche au congrès «refondateur» du Front national, alors que la veille, Steve Bannon, sulfureux ancien idéologue de Donald Trump invité par le parti d'extrême droite, avait lancé, dans un discours critiquant le traitement supposé injuste des médias à leur égard : «Vous vous battez pour votre liberté, ils vous traitent de xénophobes, vous vous battez pour votre pays, ils vous traitent de racistes.» Une phrase qui avait été alors largement applaudie.