Un proche de Florian Philippot promettait un événement «très important» pour la rentrée politique du président des Patriotes – ancien du numéro 2 du Front national – ce dimanche 2 septembre dans son fief de Forbach (Moselle). Mais le rassemblement s'est limité à une réunion d'un peu plus d'une centaine de militants, dans un bar de la ville, le Piazza.
Les dirigeants du parti avaient également prévu un barbecue sur une place adjacente de la commune, mais le maire socialiste de Forbach, Laurent Kalinowski, qui a battu Florian Philippot aux législatives de 2012, puis aux municipales de 2014 (aux législatives de 2017, Philippot a perdu face à un candidat LREM), a interdit les grillades par un arrêté municipal. Raison invoquée par le directeur de cabinet de l'édile : «[Florian Philippot] ne nous a demandé aucune autorisation pour organiser son rassemblement sur l'esplanade, propriété de la mairie. Les services de la ville ont proposé des solutions alternatives [notamment la salle de fêtes de la commune, une offre que Les Patriotes ont déclinée, ndlr].»
Quatre coins de la France
Le rendez-vous s'est donc tenu, dans les murs du bistrot de Franco Scarfo, réservés pour l'événement : «Pas question pour moi d'annuler. Que ce soit Philippot ou Tartempion, ou Paul ou Jacques ou qui sais-je, pour moi, c'est pareil. A partir du moment où on veut organiser un événement chez moi, je suis d'accord expliquait le patron du Piazza. Je suis pas politique moi, je suis commerçant. J'ai des employés et des charges à payer. Si demain, c'est En marche ou le PS qui vient, ça sera pareil. Si on commence à accepter que les gens qui font plaisir au maire, on travaille plus».
Franck de Lapersonne, vice-président des Patriotes, à Forbach, dimanche. Photo Pascal Bastien pour Libération
Parmi la centaine de personnes qui avaient fait le déplacement à Forbach, figurait Gérard Marchand, le maire de Brachay, village de Haute-Marne où Marine Le Pen avait l'habitude de faire sa rentrée politique, avant que Philippot ne quitte le Front et récupère le même Marchand. Cent personnes, c'est cinq fois moins que lors du meeting «fondateur» des Patriotes, en février dernier à Arras. La faute à «la rentrée scolaire», selon des cadres du parti. «Beaucoup nous on dit "oui, oui", et puis finalement, ils ont vu la fin des vacances et la rentrée le lendemain, ils ne sont pas venus, je comprends», rapportait un référent. Une militante : «Venir du Sud ou des quatre coins de la France, c'était compliqué pour beaucoup de gens.» D'autant qu'à la différence de Arras, Les Patriotes n'ont pas affrété de bus cette fois.
Et depuis, le parti a perdu des cadres et des élus tels que Sophie Montel (députée européenne, conseillère régionale de Bourgogne-Franche Comté), qui avait quitté le FN avec Florian Philippot il y a un an, avant de tourner le dos aux Patriotes début juillet 2018, en dénonçant les «dérives» du nouveau parti. «Sophie Montel reprochait les influences "néfastes" qui auraient entouré Florian Philippot. Je crois surtout que ce qui ne lui plaisait pas, c'est que Les Patriotes parlent de fraternité et d'humanisme», dit Franck de Lapersonne, référent national «culture» des Patriotes. «Ce que n'a pas saisi Montel, c'est que notre parti n'est pas forcément de droite.»
«Une campagne lumineuse et joyeuse»
Lors de son discours d'une quarantaine de minutes, Florian Philippot a décrit Les Patriotes comme un mouvement ouvert à tous les courants qui défendent l'idée qu'il faut quitter l'Union européenne. Et à l'appui de sa volonté de fédérer les anti-UE, l'ancien numéro 2 du FN (devenu depuis RN) a cité en exemple les cadres des Patriotes : Mireille d'Ornano «une gaulliste de toujours», Franck de Lapersonne «qui a travaillé avec Mélenchon», le député José Evrard «qui a été 35 ans au parti communiste», oubliant que chacun d'entre eux est aussi passé par le Front national, comme la plupart des sympathisants présents ce 2 septembre en Moselle.
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Peu lui importe, car ce «ratisser large» est nécessaire à Florian Philippot s'il veut atteindre la barre des 5 % qu'il ambitionne aux élections européennes de 2019. Philippot cherche aussi depuis plusieurs semaines à «contacter» l'autre défenseur du «Frexit», le leader de la formation UPR, François Asselineau, qui fut candidat à la présidentielle 2017 (0,92 %). Mais l'homme ne semble pas intéressé. Le leader des Patriotes sait qu'il jouera son avenir politique dans le prochain scrutin. A condition qu'il trouve d'abord 500 000 euros qu'il lui faut pour faire campagne. «On est sûrs de rien, mais on est confiants», dit-il. Où va-t-il les trouver ? Pas de réponse précise, si ce n'est qu'il n'a «pas essayé auprès des banques françaises. Je sais d'avance que ça ne sert à rien». Dans son discours, Philippot a quand même promis à ses sympathisants que «cette campagne sera à l'image du ciel que nous avons eu cet été, lumineuse et joyeuse». Mais difficile de s'en remettre à la météo pour réaliser de bons scores aux élections.