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Libération
2019

Européennes : Marine Le Pen cherche toujours son champion

Si, comme tête de liste RN aux prochaines Européennes, le nom de Nicolas Bay circulait jusqu’à il y a peu de temps, l’idée qu’il puisse s’agir de Louis Aliot commence plus ou moins à tourner.
publié le 24 octobre 2018 à 20h26

A la direction du Rassemblement national (ex-Front national), on l'admet : «C'est vrai, il y a eu quelques départs ces derniers temps.» Mais on tempère aussitôt : «Ce sont des gens qui avaient compris qu'ils n'en seraient pas.» Le parti de Marine Le Pen a perdu une poignée de ses cadres cette année, il n'a engendré aucun ralliement de premier plan malgré son changement de nom en mars, il ne faudrait y voir en revanche aucun signe négatif pour le mouvement, assurent des proches de sa dirigeante. D'une part, le RN serait en train de préparer la «révolution en Europe» et la «grande coalition» des nationalistes qui vient. D'autre part, il constituerait en ce moment des alliances pour sa liste des européennes. La chose provoquerait des convoitises, donc, fatalement, des déçus…

Preuve en est, quand l'ancien «économiste» du mouvement Bernard Monot a claqué la porte du RN en mai, il a rejoint Nicolas Dupont-Aignan, qui lui a promis une bonne place à ses côtés sur sa liste. Ce dernier a également rallié cette semaine une autre eurodéputée RN, Sylvie Goddyn, dont le mari, Eric Dillies, l'ex-patron du Rassemblement national à Lille, a quitté le parti en septembre, dénonçant son manque de «démocratie» interne. «Tout cela fait un peu "Ligue 2", du souverainisme, persifle un élu RN, même pas, division d'honneur». Rien à voir, à l'en croire, avec le parti de Marine Le Pen, lequel, lui, a des prises de choix à présenter pour sa liste d'ouverture : il y a l'ex-ministre des Transports de Nicolas Sarkozy Thierry Mariani, mais aussi l'ancien député UMP de Gironde, Jean-Paul Garraud. «Je suis du côté des souverainistes depuis toujours, récite-t-il, et j'ai toujours été pour une grande coalition de la droite.» Derrière qui ?

Si, comme tête de liste, le nom de Nicolas Bay, vice-président du groupe ENL au Parlement européen, circulait jusqu'à il y a peu de temps, celui de l'intellectuel de droite Hervé Juvin a un temps un peu tourné aussi, quand Le Pen envisageait de confier le rôle à une personnalité de la société civile. L'option a été abandonnée car «personne ne connaît»Juvin. L'idée qu'il puisse s'agir de Louis Aliot circule désormais. Même si «rien n'est décidé pour l'instant» et que «le nom de la tête de liste sera dévoilé en décembre ou janvier», fait-on savoir au siège du Rassemblement national, le député, compagnon de Marine Le Pen au civil, a quand même fait (plus ou moins) acte de «candidature» mi-octobre, dans le Parisien. «Si ce doit être quelqu'un du RN, alors je suis le mieux placé. Ensuite, je n'en fais pas une affaire personnelle», a-t-il déclaré. Il a aussi expliqué que le parti ne pourrait pas compter trop longtemps sur lui : Aliot vise la mairie de Perpignan, les européennes lui servant de tremplin. «L'avantage pour Marine Le Pen, c'est qu'il ne fera pas de vagues. Ses proches font tout pour qu'aucune autre personnalité à part Marine Le Pen n'émerge», résume un élu RN. Il ajoute : «Tout cela n'est pas très sérieux, presque loufoque. C'est un mélange de paresse et de légèreté. En tout cas pas vraiment à la hauteur des enjeux.» Lesquels, déjà ? Constituer une liste ou mener «la révolution en Europe» ?