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Courrier du cœur

Antisémitisme : Le Pen accuse l'«islamo-fascisme» dans une lettre à Finkielkraut

«Le combat que vous menez est le nôtre», a affirmé mardi la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, dans un courrier au philosophe, victime d'injures à caractère antisémite samedi.
Marine Le Pen mercredi à l'Assemblée nationale. (STEPHANE DE SAKUTIN/Photo Stéphane de Sakutin. AFP)
publié le 19 février 2019 à 18h14

Plusieurs cadres du Rassemblement national (ex-Front national), dont sa présidente Marine Le Pen, se sont rendus mardi à Bagneux pour rendre hommage aux victimes de l'antisémitisme, a annoncé dans la soirée le porte-parole du parti d'extrême droite, Sébastien Chenu. «Nous sommes allés nous recueillir devant la plaque commémorant le martyr d'Ilan Halimi», a tweeté l'homme politique, accompagnant son post d'une photo de trois gerbes. Étaient également présents, a-t-il dit, la tête de liste du RN pour les européennes, Jordan Bardella, ainsi qu'un autre porte-parole de la formation mariniste, le député du Pas-de-Calais, Ludovic Pajot. L'opération intervenait alors que devait se tenir dans la soirée plusieurs rassemblements en France en hommage aux victimes d'actes antisémites, auxquels le Rassemblement national n'était pas été convié.

Dans une lettre ouverte à Alain Finkielkraut, mardi, plus tôt dans la journée, Marine Le Pen a accusé l'«islamo-fascisme» d'être responsable de l'agression antisémite dont le philosophe a été victime, samedi, en marge d'une manifestation des gilets jaunes, à Paris. «Le combat que vous menez est le nôtre et nous nous effarons avec vous de voir l'identité de jeunes immigrés se constituer dans la haine des Juifs et de la France», affirme la présidente du Rassemblement national. Le texte, publié sur le site de la formation d'extrême droite, précisait alors que le RN prévoyait dans la soirée de «déposer des gerbes de fleurs à la mémoire des victimes de l'antisémitisme sur les lieux de leur martyre», sans plus de précisions.

Selon le député RN Gilbert Collard, le Rassemblement national aurait préféré répondre à un appel «consensuel». «S'il s'était agi d'un appel national, ce que réclame la lutte contre l'antisémitisme, ce que nous souhaitions, cela ne posait aucune question, nous y serions allés. Mais, en l'occurrence, il s'agit d'un appel du Parti socialiste, qui porte en lui le vent de la division», a-t-il dit. Interrogé par Libération, la tête de liste du Rassemblement national aux européennes, Jordan Bardella, avait expliqué plus tôt que la formation mariniste allait quand même «rendre hommage aux victimes d'actes antisémites», à sa façon. «N'ayant pas été invités à la marche organisée par le PS, nous ne nous commettrons pas avec ceux qui instrumentalisent cette cause tout en ayant fait preuve d'une complaisance coupable à l'égard du fondamentalisme islamiste depuis des années», a-t-il ajouté.

«Derrière les mots prononcés par vos agresseurs ["sale sioniste de merde", "retourne en Israël", "la France est à nous", ndlr], il y a une menace claire contre la liberté de penser, contre les personnes de toute confession qui refusent de baisser la tête devant l'islamo-fascisme et, vous l'avez dit, une menace contre la France», a aussi estimé Marine Le Pen dans sa lettre. Selon la députée du Pas-de-Calais, «ce hurlement public contient de manière assez peu subliminale l'affirmation d'une volonté conquérante et la promesse d'un asservissement au totalitarisme islamiste».